N & E
Napoléon & Empire

Combats de Montenotte, Millesimo,
Cosseria et Dego

Date et lieu

  • 12 avril 1796 à Montenotte Superiore, en Ligurie (actuellement commune de Cairo-Montenotte, province de Savona, Italie) ; 13 avril à Millesimo et Cosseria ; 14 et 15 avril à Dego.

Forces en présence

  • Armée française (20 000 hommes) commandée par le général Napoléon Bonaparte. 
  • Armées d'Autriche et du Royaume de Sardaigne (environ 25 000 hommes) sous les ordres du général en chef Johann von Beaulieu et des généraux Eugène Guillaume de Mercy d’Argenteau et Giovanni Provera. 

Pertes

  • Armée française : autour de 5 000 morts, blessés ou disparus. 
  • Armées d'Autriche et du Royaume de Sardaigne : environ 10 000 morts, blessés, disparus ou prisonniers, 40 canons. 

Panoramiques aériens des champs de bataille de Montenotte, Millesimo, Cosseria et Dego


La bataille de Montenotte est la première victoire du général Napoléon Bonaparte dans la campagne d'Italie. Elle a pour cadre une région très accidentée et boisée Vue depuis Montenotte Superiore Environs de Montenotte Superiore Aux environs de Montenotte Superiore, au Nord de la Ligurie.

Préliminaires

Le 27 mars 1796 Napoléon Bonaparte arrive à Nice Nice, pour y prendre le commandement de l’armée d’Italie. Après avoir consacré quelques jours aux mesures administratives indispensables, il quitte la ville avec son Quartier Général, par la route du bord de mer et sous le feu de la flotte anglaise, pour gagner Savone [Savona]. Il y arrive le 9 avril, résolu à se porter immédiatement à l’attaque.

Avec trois divisions, il veut franchir les montagnes à la soudure entre les Alpes et les Apennins, où les sommets s’abaissent. Avec les 25 000 hommes dont il dispose, il tombera sur le centre autrichien, le culbutera et séparera ainsi les deux ailes de l’ennemi. Simultanément, le général Jean Mathieu Philibert Sérurier s’en ira fixer leurs réserves en descendant la vallée du Tanaro par Garessio et Ceva. La suite dépendra des circonstances.

En face, Johann von Beaulieu est lui aussi décidé à passer à l’attaque mais son plan ne vise qu’à obtenir des succès partiels, conformément aux habitudes de l’état-major autrichien. Il veut couper toute communication entre les Français et Gênes [Genova] tout en opérant sa jonction avec l’amiral anglais John Jervis John Jervis dont la flotte manœuvre le long de la côte. La modestie de ses ambitions l’amène à s’engager sans attendre d’avoir rassemblé ses forces complètes.

Le 10 avril, Beaulieu déloge le général Jean-Baptiste Cervoni Jean-Baptiste Cervoni de Voltri. Le 11, il tente de faire de même sur les hauteurs Le Monte San Giorgio et le Monte Pra Le Monte San-Giorgio et le Monte Pra qui entourent Montenotte mais les troupes qu'il y envoie, commandées par le comte Eugène Guillaume de Mercy d’Argenteau Eugène Guillaume de Mercy d'Argenteau butent sur les Français du colonel Antoine-Guillaume Rampon qui tient la crête du Monte-Legino [ou Monte-Negino] [44.36574, 8.42466] Vue aérienne du Monte-Negino, point d'observation stratégique Vue depuis le Monte-Negino, dont le sommet (altitude 705 mètres) a été aménagé en redoute, laquelle va être âprement défendue par Rampon et ses hommes [cette héroïque résistance sera illustrée par René Théodore Berthon en 1812 Le chef de brigade Rampon défend la redoute de Monte-Legino contre les austro-sardes, par R.T. Berthon].

Vue depuis le Monte Negino près de Montenotte Superiore
Vue depuis le Monte Negino près de Montenotte Superiore

Bonaparte réagit à ces attaques en passant lui-même immédiatement à l’offensive avec les divisions Amédée Emmanuel François Laharpe, André Masséna et Charles Augereau. Les opérations qui vont se dérouler les quatre jours suivants sont généralement appelées bataille de Montenotte en regroupant les combats qui se sont produits sur ce site même puis à Millesimo, Cosseria et Dego.

Combat de Montenotte

Durant la nuit du 11 au 12 avril 1796, Napoléon fait monter la division Laharpe de Madonna di Savona jusqu’à la redoute Le Monte-Negino Chemin d'accès au Monte-Negino victorieusement défendue la veille par Rampon afin d’attaquer de face Argenteau. La division Masséna, bientôt accompagnée de Bonaparte lui-même, quitte les environs de Vado Ligure pour déborder le flanc droit autrichien par le col de Cadibona Col de Cadibona Le col de Cadibona et Altare. Bonaparte s’installe près de ce dernier village, sur les hauteurs de la Casa Bianca, pour suivre le déroulement des opérations au moyen d’un télescope.

La division Augereau, partie plus tôt de Finale, se trouve dès le 11 au col de San Giacomo. Elle se dirige vers Cairo Montenotte Cairo Montenotte vu depuis l'est Cairo Montenotte (vue numéro 1) Cairo Montenotte (vue numéro 2) Cairo Montenotte (vue numéro 3), un peu plus à l’ouest, dans l’intention de se rabattre ensuite à droite pour effectuer sa jonction avec Masséna.

Pendant que Laharpe résiste vaillamment de front à Argenteau, Masséna, favorisé par le brouillard, remonte par le ravin de Corvo et le bric de Castellazzo [bric del Tesoro de nos jours, bric Catlass dans le dialecte local, et parfois noté bric Menau] Bric Menau, au nord-nord-est de Montenotte Superiore Montenotte Superiore. Arrivé à Ferriera, il culbute le bataillon chargé de la surveillance du flanc autrichien et débouche par Montenotte Inferiore Montenotte Inferiore sur la droite et les arrières d’Argenteau.

Celui-ci réagit en ne laissant que deux bataillons devant Laharpe pour tenter de dégager sa ligne de retraite. Mais les assaillants sont trop nombreux et il a mis trop de temps à passer à l’acte. Il ne reste plus aux Autrichiens qu’à fuir en désordre par la vallée de l’Erro en direction de Pontinvrea ou 700 d’entre eux à peine se rassemblent.

Argenteau se replie ensuite vers Pareto, sur la route d’Acqui [Acqui Terme], entre Sassello et Dego où sont stationnés respectivement onze et un peu plus de deux bataillons.

Bien qu’Augereau n’ait pas eu l’occasion de prendre part aux combats, les Français, grâce à la rapidité de leurs mouvements, ont réussi à regrouper 14 ou 15 000 combattants face à 4 000 ennemis.

Les pertes avouées par les Autrichiens sont de 300 morts ou blessés et 400 disparus. Mais ils reconnaissent également la destruction de deux bataillons complets, et l’on a vu que, de trois autres, 700 soldats à peine ont réussi à se replier sur Pontinvrea. La saignée réelle doit donc probablement être évaluée à 2 ou 3 000 hommes, en tenant compte de ceux qui ont pu rejoindre plus tard les rangs.

À la suite à cet engagement calamiteux pour son camp, le général Beaulieu gagne Acqui, point de rassemblement de ses forces.

Les pertes françaises se montent à un total beaucoup moins considérable : au maximum quelques centaines de morts, de blessés ou de disparus.

Laharpe a ordre de poursuivre l’ennemi jusque vers Sassello pour fixer son attention, puis de revenir sur Dego par la vallée de la Bormida afin de soutenir l’attaque que Masséna doit y mener le lendemain. Bonaparte, lui, avec la division Augereau et quelques fractions de celle de Masséna, part pour Carcare Carcare Carcare (vue numéro 2) Pont de Carcare. Il s’y arrête mais pousse une partie de ses hommes jusqu’aux portes de Millesimo.

Combat de Millesimo et Cosseria

À Millesimo Vue générale de Millesimo sont installées des troupes austro-sardes sous le commandement du général Giovanni Provera. Celui-ci est chargé d’assurer le lien entre les Sardes du général Michelangelo Alessandro Colli-Marchi Michelangelo Alessandro Colli-Marchi au nord-ouest et les Autrichiens de Beaulieu à l’est. Pour protéger la route qui couvre le Piémont [Piemonte], Provera a occupé Millesimo avec une partie de ses forces, dont le gros reste toutefois à Saliceto Saliceto, à dix kilomètres au nord-nord-est, et s’est même avancé jusqu’à Cosseria, à deux kilomètres à l'est, dont il a garni le mamelon Site d'implantation du château de Cosseria de troupes.

Combats du 13 avril 1796

Le 13, Augereau, par l’intermédiaire de la brigade Pierre Banel Pierre Banel, déloge l’ennemi des gorges de Millesimo et s’empare dès l’aube du village Millesimo Une rue de Millesimo Une rue à Millesimo et de son pont Pont de Millesimo Le pont de Millesimo, ce qui coupe les communications du détachement de Provera.

Millesimo et son pont de la Gaietta sur la Bormida
Vue de Millesimo et son Ponte della Gaietta sur la Bormida

En voyant Bonaparte s’avancer également vers lui, Provera, attaqué de tous côtés, se retranche dans le château de Cosseria Un pan de la tour du château de Cosseria [44.36300, 8.22657]. Le colonel marquis Filippo del Carretto di Camerana l’y rejoint, arrivant de Montezemolo Rue principale de Montezemolo Les environs de Montezemolo Environs de Montezemolo, à l'ouest, après s’être frayé un chemin à travers Millesimo. Bien que le bâtiment soit en ruine Ruines du Château de Cosseria depuis le seizième siècle, sa position dominante Perspective depuis le château de Cosseria, vue 1 Perspective depuis le château de Cosseria, vue 2 Perspective depuis le château de Cosseria, vue 3 Perspective depuis le château de Cosseria, vue 4 Perspective depuis le château de Cosseria, vue 5, sur un éperon rocheux Site du château de Cosseria situé entre les deux Bormida (Bormida di Millesimo Bormida di Millesimo La Bormida di Millesimo à l'ouest et Bormida di Pàllare Bormida di Pàllare La Bormida di Pàllare à l'est), le rend si difficile à prendre d’assaut que Bonaparte hésite à en donner l’ordre. Il s’y résout toutefois quand Provera refuse de capituler, sauf à pouvoir partir avec armes et bagages rejoindre le reste des forces austro-sardes.

Les tentatives successives d’Augereau pour s’emparer du château, entrecoupées de quelques tirs d’artillerie, s’avèrent aussi pénibles que prévues et de surcroît infructueuses. La dernière, effectuée vers 15 heures, coûte la vie à deux officiers généraux : l’adjudant général Quesnel et le général de brigade Pierre Banel ; un troisième, Barthélemy Catherine Joubert Barthélemy Catherine Joubert, est blessé. Fort de ces résultats, et malgré la mort du marquis de Carretto, Provera refuse toutes les offres de reddition qui lui sont présentées au cours de la journée. Lorsque la nuit tombe, la place tient toujours. La division Augereau restera sur le qui-vive jusqu’au matin suivant pour éviter la fuite des assiégés à la faveur de l’obscurité.

Pendant que ces combats se déroulent à Cosseria, Bonaparte, qui a quitté les abords du château au bruit d’une canonnade retentissant vers Dego, repousse, autour de Cengio Cengio, les quelques troupes envoyées par Colli au secours de son subordonné.

La journée a permis au général en chef français d’enfoncer un coin au coeur du dispositif de Beaulieu. Il sera exploité les jours suivants. Cependant, certaines opérations prévues par Bonaparte ont pris du retard. Masséna, après avoir reçu durant la nuit du 12 au 13 la confirmation de l’ordre d’attaque sur Dego, ne s’est pas jugé en état d’obéir. Se sentant trop faible pour combattre seul le matin avec une division amputée d’une brigade retenue par son supérieur, il a attendu Laharpe jusqu’à midi au rendez-vous fixé et ne s’est mis en marche qu’à cette heure-là. En conséquence, il n’a pu mener ensuite qu’une simple reconnaissance, en laissant ses soldats stationnés à la Rochetta [Rocchetta Cairo] Rocchetta Cairo, à deux kilomètres au sud de son objectif.

Epilogue

Le 14, Colli échoue à nouveau à se porter au secours de Provera. Ce dernier, bloqué dans le château de Cosseria sans eau ni provision pour s’y être jeté la veille à l’improviste, se voit dans l’obligation de capituler.

La colline et les ruines du château de Cosseria à son sommet
La colline et les ruines du château de Cosseria à son sommet

Les combats de Millesimo et Cosseria ont coûté en tout 2 à 3 000 hommes aux Austro-Sardes, sur les 3 à 4 000 qui y ont participé. Les Français, face à eux, ont perdu 1 000 à 1 500 de leur 8 à 10 000 soldats. Encore une fois, la soudaineté des mouvements prescrits par Bonaparte a permis à ses troupes de se présenter en supériorité numérique sur les lieux des combats, alors que l’ennemi dispose pourtant d’une armée beaucoup plus considérable que la sienne.

Bataille de Dego

Le site de Dego comporte plusieurs mamelons. Le plus élevé (480 mètres), celui de Magliani [44.45415, 8.32376] Magliani, vue 1 Magliani, vue 2, au nord-est, est couronné d’une redoute. Les autres (dont le lieu-dit Cua Le lieu-dit Cua à Dego Le quartier de Cua à Dego Cua, quartier de Dego, site du château de Dego Le château de Dego à Cua Une rue près du château de Dego Rue près du château de Dego à Cua Ruines du château de Dego à Cua, à mi-distance du village et de Magliani) sont couverts de retranchements. Les Français doivent absolument s’emparer de la position s’ils veulent achever la séparation des deux armées autrichiennes et austro-sardes et ainsi faire fructifier les succès obtenus précédemment. Bonaparte brûle de s’en assurer la possession aussi vite que possible.

Après sa défaite à Montenotte, Argenteau s’est retiré à Pareto, à 17 kilomètres au nord. Il y trouve un message du général Mathias Rukavina von Boynograd Mathias Rukavina von Boynograd, l’appelant instamment à la rescousse de la place de Dego, gravement exposée. Argenteau fait remonter la demande au général en chef, Jean-Pierre de Beaulieu, tout en affirmant dans le même courrier se trouver beaucoup trop mal en point pour fournir une aide efficace. Ce dernier lui enjoint pourtant expressément de tenir Dego quelques jours encore et de couvrir ainsi la route d’Acqui. L’ordre s’accompagne de l’envoi de trois bataillons par celle de Spigno [Spigno Monferrato]. Beaulieu commande également au général Colli, qui se trouve du côté de Ceva, de défier le flanc gauche des Français.

Obéissant à sa hiérarchie, Argenteau dépêche donc, dans la nuit du 13 au 14, Josef Philipp Vukassovich (Josip Filip Vukasović) au secours de Dego avec cinq bataillons. Ils ont ordre d’accourir de Sassello par Pontinvrea Pontinvrea (à 14 kilomètres à l'est de Dego) pour attaquer l’ennemi sur son flanc droit.

14 avril

Le 14, Bonaparte dirige en personne l’assaut sur Dego, à la tête des divisions Masséna et Laharpe. Les retranchements de la ville sont défendus par quatre bataillons (puis sept quand ceux de Spigno paraîtront) et dix-huit pièces d’artillerie. Les Français se battent avec enthousiasme, galvanisés par la nouvelle de la capture de Provera. Ils montent au combat en cinq colonnes. Les généraux Jean-Jacques Causse Jean-Jacques Causse, Jean-Baptiste Cervoni et l’adjudant général Pierre François Joseph (ou Xavier) Boyer Pierre François Joseph Boyer commandent celles de la division Laharpe. Le général Jean Jacques Bernardin Colaud de La Salcette Jean Jacques Bernardin Colaud de La Salcette et l’adjudant général Jean Charles Monnier Jean Charles Monnier marchent en tête de celles de la division Masséna. Ce dernier accompagne Monnier. Les mouvements de toutes ces unités sont parfaitement coordonnés et atteignent simultanément leurs objectifs. Causse et Cervoni s’emparent de la redoute tandis que Masséna en tourne la droite.

La fausse nouvelle d’une retraite de Masséna accomplie la veille a tenu Argenteau immobile jusque vers deux heures de l’après-midi. À ce moment-là seulement, entendant la canonnade, il marche sur la ville à la tête des deux bataillons disponibles à Pareto et Malvicinno. Ceux stationnés à Mioglia Mioglia (à 19 kilomètres au nord-est, par Pontinvrea) reçoivent l’ordre de l’imiter. Il n’est plus temps. Les troupes envoyées dans la nuit de Spigno sont probablement intervenues trop tard pour rétablir la situation (l’heure exacte de leur entrée en scène n’est pas connue). Quant à Argenteau lui-même, il n’arrive sur le site de la bataille que pour voir le village La rue principale de Dego tomber aux mains des Français. Menacé par la colonne de Boyer ainsi que par les tirailleurs précédant celle de Masséna, il recule aussitôt. Les bataillons de Mioglia ne se présenteront que plus tard encore. Tous ces Autrichiens battent en retraite dans la nuit vers Acqui par Spigno, talonnés par quelques centaines de Français.

La garnison de Dego a été à peu près anéantie. Le compte-rendu autrichien de la bataille indique lui-même que, des sept bataillons engagés dans ce combat, rien ou presque n’a pu être sauvé, non plus que de leurs dix-huit canons (Napoléon, dans ses mémoires, en comptera une trentaine).

15 avril

Le 15 à l’aube, Vukassovich se présente enfin aux abords de Dego Le village de Dego, vu depuis les hauteurs. Par suite d’une maladresse de rédaction dans les ordres reçus, il ne s’est en effet mis en route que le 14 dans la journée, alors que le canon a commencé de tonner du côté du village. Il sait dès avant son arrivée, pour l’avoir appris au cours de sa marche, qu’il intervient à contretemps et que les Français ont déjà mis la main sur la place. Pourtant, bien que des prisonniers faits en chemin lui aient indiqué que pas moins de 20 000 soldats ennemis y stationnent, le général autrichien décide d’attaquer.

En réalité, aussitôt après la prise du village, Bonaparte a envoyé la division Laharpe et la brigade Claude Victor Perrin vers Ceva, afin d’y renforcer Augereau qui avance sur le général Colli depuis qu’il en a fini avec Provera. Croyant les Autrichiens hors de combat pour le moment, le général en chef français entend ainsi consolider sa gauche. De ce fait, seule la division Masséna se trouve encore à Dego le 15 au matin, soit 6 000 hommes au maximum.

La rue principale de Dego et le quartier de Cua en surplomb
La rue principale de Dego et le quartier de Cua en surplomb

L’itinéraire choisi par Vukassovich l’amène au nord de Dego Le pont sur la Bormida à Dego, près de la route venant de Spigno, où est positionnée la droite de l’avant-garde française. Celle-ci, accablée par l’ivresse, la fatigue et le sommeil se trouve dans l’incapacité de résister à une attaque aussi inopinée ; elle se débande. Ni les soldats ni leurs chefs n’ont en effet anticipé cette agression et tous craignent d’avoir affaire à l’armée adverse tout entière. Profitant de la surprise, les Autrichiens parviennent jusqu’aux retranchements qui protègent le village même et s’en emparent, récupérant les canons pris la veille à leurs camarades.

Masséna (quittant en hâte, selon la légende, le lit d'une paysanne complaisante) réussit à rallier une partie de ses soldats en fuite mais ne peut déloger Vukassovich de sa conquête. Bonaparte, qui interprète lui aussi cette offensive comme un retour en force de Beaulieu avec l’ensemble de ses troupes, rappelle alors Laharpe et Victor et revient lui-même en hâte auprès de Masséna.

Aussitôt arrivé sur place, vers treize heures, le général en chef français ordonne une nouvelle attaque, organisée à peu de choses près comme celle de la veille. Ses soldats doivent à nouveau gravir les pentes de Magliani sous un feu nourri. Le général Causse y laisse la vie. Les Autrichiens se défendent avec opiniâtreté et bravoure. Ils parviennent même un moment à mettre en déroute une des colonnes adverses et sortent de la redoute à sa poursuite. La brigade Victor rétablit bientôt la situation sur ce point.

Malheureusement pour Vukassovich, il ne se trouve pas un bataillon austro-sarde, à vingt-cinq kilomètres à la ronde, pour répondre aux demandes de secours qu’il envoie. L’absence de soutien, conjuguée au risque d’encerclement que les mouvements des colonnes françaises font peser sur lui, l’oblige finalement à se retirer par Spigno en direction d’Acqui. Tous les canons récupérés lui échappent à nouveau et la retraite, difficile, coûte également aux Autrichiens la moitié de leurs effectifs.

Bilan et suites

La perte totale subie par Beaulieu au cours de ces quatre journées de combats ne peut être évaluée à moins de 10 000 hommes et peut-être quarante canons. Ce résultat a été obtenu pour l’essentiel par les divisions Masséna et Laharpe, la brigade Victor et un peu de cavalerie, en tout guère plus de 20 000 soldats et moins de trente canons. Il est donc le fruit des combinaisons conçues par le général en chef français, exécutées avec brio par ses subordonnés et leurs troupes. Cette stratégie d'engagements successifs contre des fractions de l'armée adverse est donc une complète réussite. Une bataille rangée face aux Austro-Sardes, avec leurs 30 000 hommes et cent quarante pièces d’artillerie, n’aurait pu aboutir qu’à une conclusion tout opposée.

À la suite de ces succès, Bonaparte, qui a maintenant coupé l’armée ennemie en deux, effectue un changement de front pour attaquer les Sardes de Colli.

Carte des combats de Montenotte, Millesimo, Cosseria et Dego

Batailles napoléoniennes - Carte des combats de Montenotte, Millesimo, Cosseria et Dego

Tableau - "Vue des hauteurs de Montenotte - les généraux Masséna et Laharpe observant l'attaque". Peint par Giuseppe Pietro Bagetti (inspiré par J. Parent).

Batailles napoléoniennes - Tableau des combats de Montenotte, Millesimo, Cosseria et Dego -

Durant les premières opérations de la Campagne d'Italie, le Quartier Général de Napoléon Bonaparte fut successivement :

- à Albenga (Palazzo Rolandi Ricci) Quartier Général de Napoléon Bonaparte à Albenga, à partir du 5 avril ;

- à Carcare (Casa Ferrero) Quartier Général de Napoléon Bonaparte à Carcare lors des opérations de Millesimo, Dego et Cosseria ;

- à Millesimo Quartier Général de Napoléon Bonaparte à Millesimo au soir de la bataille du 13 avril.

Napoléon indique dans ses Mémoires que ce fut à Dego qu’il remarqua pour la première fois le futur maréchal Jean Lannes.

Panoramique du champ de bataille de Montenotte

Le champ de bataille de Montenotte, où le général Napoléon Bonaparte battit les armées autrichiennes et du royaume de Piémont-Sardaigne, durant la première campagne d'Italie, le 12 avril 1796.

Crédit photos

 Photo de Lionel A. Bouchon Photos par Lionel A. Bouchon.
 Photo de Marie-Albe Grau Photos par Marie-Albe Grau.
 Photo de Floriane Grau Photos par Floriane Grau.
 Photo de Michèle Grau-Ghelardi Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
 Photo de Didier Grau Photos par Didier Grau.
 Photo de divers auteurs Photos par des personnes extérieures à l'association Napoléon & Empire.

Crédit vidéo

Les prises de vues sont de Didier Grau, le montage de Lionel A. Bouchon.