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Jacques Lisfranc de Saint-Martin

Blason de Jacques Lisfranc de Saint-Martin (1787-1847)

Il naît à Saint-Paul-en-Jarez, où il est baptisé le 12 avril 1787. Issu d'une famille de médecins, il trouve vite sa vocation. Très jeune, il entre dans le service de santé militaire, et fait à ce titre la campagne de Saxe en 1813. Sur les champs de bataille de Leipzig du 16 au 19 octobre, puis de Hanau le 30 octobre, il pratique d'innombrables amputations et désarticulations. Il passe le Rhin à Mayence et fait retraite jusqu'à Metz, ville où il doit affronter une épidémie de fièvre typhoïde.

En 1814, il s'installe dans la capitale. Il laisse son nom à la désarticulation tarso-métatarsienne dont il publie les résultats en 1815. Son travail est intitulé Nouvelle méthode opératoire (dite de Lisfranc) pour l'amputation partielle du pied dans son articulation tarso-métatarsienne. Utilisée pour amputer un pied, il laisse ainsi une plus large base de sustentation. Son nom est aussi associé à une technique de désarticulation de l'épaule (Dupont, 1999).

Il devient professeur en 1823, puis chirurgien en chef de la Pitié en 1824. Ses cours de clinique attirent la foule, autant que par son habileté à opérer, qui lui vaut une immense clientèle. Il est fréquemment consulté pour les lésions des femmes. Son Mémoire sur la rhinoplastie est lu à la séance annuelle de l'Académie royale de Médecine en 1828 (https://fr.wikipedia.org, 2012).

Sa Clinique chirurgicale est publiée en 1842 en trois volumes. Puis, il fait paraître un Précis de Médecine opératoire de 1845 à 1848, en trois volumes, le troisième étant achevé posthume par Antoine-Joseph Jobert de Lamballe, professeur d'anatomie à partir de 1831, chirurgien, gynécologue, membre de l'Académie de Médecine en 1840 et de l'Académie des Sciences en 1856 (https://fr.wikipedia.org, 2012).

Dans La Débâcle (1892), Émile Zola décrit la désarticulation de l'épaule d'un blessé de Sedan selon la méthode de Lisfranc : Cette fois, il s'agissait de la désarticulation d'une épaule, d'après la méthode de Lisfranc, ce que les chirurgiens appelaient une jolie opération, quelque chose d'élégant et de prompt, en tout quarante secondes à peine. Déjà, on chloroformait le patient, pendant qu'un aide lui saisissait l'épaule à deux mains, les quatre doigts sous l'aisselle, le pouce en dessus. Alors, Bouroche, armé du grand couteau long, après avoir crié: « Asseyez-le! », empoigna le deltoïde, transperça le bras, trancha le muscle; puis, revenant en arrière, il détacha la jointure d'un seul coup; et le bras était tombé, abattu en trois mouvements. L'aide avait fait glisser ses pouces, pour boucher l'artère humérale. «Recouchez-le!» Bouroche eut un rire involontaire en procédant à la ligature, car il n'avait mis que trente-cinq secondes. Il ne restait plus qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat. Cela était joli, à cause du danger, un homme pouvant se vider de tout son sang en trois minutes par l'artère humérale, sans compter qu'il y a péril de mort, chaque fois qu'on assoit un blessé, sous l'action du chloroforme.

Il est un des premiers à effectuer l'exérèse du cancer du rectum, la lithotomie chez les femmes et l'amputation du col de l'utérus. Il met enfin au point une technique d'amputation de la mâchoire supérieure.

Il meurt à Paris, le 13 mai 1847. Il est enterré au cimetière du Montparnasse (13ème division) ; sa tombe, récemment restaurée, est surmontée d'un buste en bronze et ornée de deux bas-reliefs, l'un illustrant la campagne de Saxe (Leipsick, 1813), l'autre le représentant au cours d'une leçon clinique  Tombe de Jacques Lisfranc.


Remerciements

Cette notice biographique a été rédigée par M. Xavier Riaud, Docteur en Chirurgie Dentaire, Docteur en Epistémologie, Histoire des Sciences et des Techniques, Lauréat et membre associé national de l'Académie nationale de chirurgie dentaire, Chevalier dans l'Ordre National du Mérite, Chevalier dans l'ordre des Palmes Académiques, médaillé d'honneur de la Société napoléonienne internationale, et mise en ligne avec son aimable autorisation.


"Jacques Lisfranc de Saint-Martin (1787-1847)". Gravure du XIXe siècle.

"Jacques Lisfranc de Saint-Martin (1787-1847)". Gravure du XIXe siècle.