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Napoléon & Empire

Jean Joseph Sue fils (1760-1830)

Chevalier de l'Empire

Blason de Jean Joseph Sue fils (1760-1830)

Jean Joseph Sue II voit le jour le 13 janvier 1760 à Paris. Il est le fils de Jean Joseph Sue dit le Jeune (1710-1792), issu d'une famille qui compte pas moins de quatorze médecins depuis Louis XIV.

Jean Joseph Sue fils est reçu maître en chirurgie en 1781, à Paris. En 1783, il est docteur en médecine du Collège royal d'Edimbourg [1].

Il ne succède pas à son père à la Charité où il n'occupe qu'un poste de chirurgien substitut, mais récupère sa chaire d'anatomie à l'Ecole royale de peinture et de sculpture, où il occupe la fonction de professeur à partir du 8 mars 1789. Un enseignement délivré par lui y perdure jusqu'en 1807. Il officie toujours lorsque cette institution est transformée en Ecole des Beaux-Arts. Il conserve sa fonction jusqu'à sa mort.

Il enseigne aussi l'anatomie à l'Athénée et aux Ecoles royales de chirurgie, et délivre ses soins à une clientèle florissante, dans son propre cabinet [2].

Il s'insurge contre la guillotine, convaincu de la souffrance du décapité dans chacun des morceaux de son corps une fois la tête séparée de son corps. Son hypothèse réside dans le fait que, dans le corps humain, il existe deux caractères de sensibilité et qu'il n'existe pas de plus horrible situation que celle d'avoir la perception de son supplice (...). Plus l'action meurtrière a de célérité et de précision, plus ceux qui y sont exposés conservent longtemps la conscience de l'affreux tourment qu'ils éprouvent ; la douleur locale, à la vérité est moins longue, mais le jugement du supplice a plus de durée, puisqu'alors l'impression de la douleur avertit, avec la rapidité le centre de la pensée de ce qui se passe. Il s'oppose ainsi ouvertement en 1791 à Pierre-Jean Georges Cabanis (1757-1808), autre médecin et homme politique de grande envergure, futur comte et sénateur d'Empire, qui s'insurge avec moins de véhémence contre l'usage de ce procédé morbide, moins convaincu, quant à lui, des théories de Sue [3].

De même, Sue n'hésite pas à prendre position en tant que citoyen et médecin devant la Convention. Adepte du jeûne, il loue les vertus d'un comportement ascète [4].

A partir de 1800, il est nommé par Bonaparte, alors consul, médecin en chef de l'hôpital de la Garde. Pendant dix ans, il parvient à y rester et à éviter le front. Il reçoit la Légion d'honneur et pose volontiers en uniforme rutilant pour quelques toiles [5].

Malheureusement pour lui, à l'entame de l'année 1812, Napoléon décrète qu'il souhaite un médecin chef qui accompagne sa Garde partout au feu où elle se trouve. Très vite malade, Sue est de retour dans la capitale en juin. Sur le dossier militaire, une note signale qu'il ne sait pas monter à cheval. Sa berline ne pouvant suivre les troupes sur le champ de bataille, son rôle devient ainsi dérisoire, voire ridicule aux yeux de l'Empereur.

Si l'empereur anoblit Jean Joseph Sue II, le 21 décembre 1808, ce n'est qu'au rang de chevalier, à son grand désarroi [6]. Malgré les interventions répétées de Joséphine de Beauharnais dont il est le médecin - il est aussi le médecin ordinaire du ministre Joseph Fouché sous l'Empire [7] - il ne sera jamais baron.

Pourtant, jusqu'à la fin de sa vie, il signe toutes ses missives d'un grandiloquent chevalier Sue [8]. Sous l'Empire, il achète le château de Bouqueval en France, pour y établir ses quartiers d'été. C'est d'ailleurs dans le cimetière de cette bourgade qu'il sera enterré.

A la restauration, Jean Joseph devient le chirurgien consultant de Louis XVIII [9]. A partir de 1820, il intègre l'Académie royale de médecine.

Il meurt le 21 avril 1830 et est inhumé au cimetière de Bouqueval (de nos jours en Val d'Oise)  Jean-Joseph Sue.

"Jean Joseph Sue". Buste ornant sa tombe au cimetière de Bouqueval.

"Jean Joseph Sue". Buste ornant sa tombe au cimetière de Bouqueval.

Jean Joseph Sue dit le Jeune (1710-1792), son père, a été un des plus grands anatomistes du XVIIIème siècle. Dans ses études anatomiques, il insère pour la première fois en 1748, sa méthode de préparation anatomique dans un Abrégé de l'anatomie du corps de l'homme (1748). Le livre a eu un tel succès que son auteur a publié deux ans plus tard un nouvel ouvrage, Anthropotomie (1750), réédité en 1765. Il y détaille de façon très élaborée les étapes à suivre pour réussir les injections des cadavres. Sue a été également professeur au Collège royal de chirurgie qui a ouvert ses portes en 1768 et à l'École royale de peinture, et de sculpture dont il détient la chaire d'anatomie depuis 1746. Il travaille pendant plus de vingt à La Charité. Il est membre des sociétés de médecine de Bruxelles, de Philadelphie et d'Edimbourg. Il a publié plus de 200 planches d'anatomie et de nombreux traités de chirurgie et d'anatomie [10]. Il est membre de l'Académie royale de chirurgie. Il est choisi pour devenir le médecin du roi.

Jean Joseph Sue II s'est marié à trois reprises et a eu en tout cinq enfants. Il a divorcé de sa première femme. Eugène et sa soeur Victorine (1811-?) sont issus de son second mariage, avec Marie Sophie Tison de Reilly ou Derilly, en 1803 [11].

En 1804 naît à Paris, Marie-Joseph Sue, futur Eugène Sue, auteur des fameux Mystères de Paris (1842-1843) et du non moins célèbre Juif errant (1844-1845), qui a Joséphine de Beauharnais, l'épouse de Bonaparte, comme marraine et Eugène de Beauharnais en tant que parrain. Envoyé au lycée Bonaparte. Il en sort à la fin de sa seconde, hésite entre plusieurs carrières, entre chez Gudin pour y apprendre la peinture, étudie la médecine sous la direction de son père, et est embarqué par son père, comme chirurgien, sur un vaisseau de l'Etat, le Breslau. A la mort de Jean Joseph, possesseur d'une fortune qui s'élève à près de 40 000 francs de rente, Eugène quitte le service militaire après plusieurs campagnes et abandonne la médecine pour vivre largement à Paris, en fils de famille. Il dilapide tout ce bien et commence alors à écrire. Homme à femmes, il connaît un immense succès. En 1850, il est élu député [12].

Remerciements

Cette notice biographique a été rédigée par M. Xavier Riaud, Docteur en Chirurgie Dentaire, Docteur en Epistémologie, Histoire des Sciences et des Techniques, Lauréat et membre associé national de l'Académie nationale de chirurgie dentaire, médaillé d'honneur de la Société napoléonienne internationale, et mise en ligne avec son aimable autorisation.

Références bibliographiques pour cette notice

• Assemblée nationale, Eugène Marie, Joseph Sue (1804-1857), in http://www.assemblee-nationale.fr, sans date, p. 1.

• DUPONT Michel, Dictionnaire historique des Médecins dans et hors de la Médecine, Larousse (éd.), Paris, 1999.

• GEORGEL Alcide, Armorial de l'Empire français, in https://www.euraldic.com ou Bibliothèque Nationale de France, Paris, 1869.

• http://correspondancefamiliale.ehess.fr, Sue, Pierre (1739-1816), sans date, p. 1.

• https://fr.wikipedia.org, Eugène Sue (1804-1857), 2010, pp. 1-4.

• https://fr.wikipedia.org, Jean Joseph Sue (1710-1792), 2010, p. 1.

• http://leschampdemaldoror.voila.net, Marie-Joseph dit Eugène Sue. « Un gentilhomme de lettres », sans date, pp. 1-5.

• LEMAIRE Jean-François, Napoléon et la médecine, François Bourin (éd.), Paris, 1992.

• LEMAIRE Jean-François, La médecine napoléonienne, Nouveau Monde/Fondation Napoléon (éd.), Paris, 2003.


Notes

01. - http://correspondancefamiliale.ehess.fr, sans date

02. - http://correspondancefamiliale.ehess.fr, sans date

03. - LEMAIRE, 1992 & 2003

04. - DUPONT, 1999

05. - LEMAIRE, 1992 & 2003

06. - GEORGEL, 1869

07. - http://correspondancefamiliale.ehess.fr, sans date

08. - LEMAIRE, 1992 & 2003

09. - DUPONT, 1999

10. - https://fr.wikipedia.org, 2010

11. - http://leschampdemaldoror.voila.net, sans date

12. - Assemblée nationale, sans date