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Napoléon & Empire

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838)

Prince de Bénévent

Blason de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838)

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord voit le jour le 2 février 1754 à Paris, au 4 de la rue Garancière  4 Rue Garancière à Paris dans une famille de la haute noblesse. En raison d'un accident vers l'âge de quatre ans qui le laisse boiteux (si on en croit ses Mémoires), il doit renoncer à la carrière militaire et se tourne vers l'église.

Evêque d'Autun en 1788, il est élu l'année suivante député du clergé aux Etats généraux. Il y propose d'utiliser les biens ecclésiastiques pour améliorer l'état des finances de la nation et devient, après avoir prêté serment à la Constitution civile du clergé, le chef des « jureurs ».

En janvier 1791, il délaisse la soutane pour une carrière diplomatique. Envoyé à Londres début 1792, il doit rentrer en France après le 10 août mais obtient rapidement de Georges Danton d'y être renvoyé. Il s'en trouve bien car des révélations sur ses démarches passées auprès de Louis XVI le font bientôt décréter d'accusation et inscrire sur la liste des émigrés.

Début 1794, il est expulsé par les Anglais et se rend aux Etats-Unis d'Amérique.

Il en revient en septembre 1796 et obtient de Paul Barras en juillet 1797 le portefeuille de ministre des Relations extérieures. Talleyrand fait de l'hôtel de Galliffet  Hôtel de Galliffet, siège du ministère, le centre de la politique française sous le Directoire. Il conserve son poste jusqu'en juillet 1799 où toute une série d'affaires de corruption le force à la démission. Mais ces deux courtes années lui ont suffi pour faire la fortune qu'il ambitionnait en arrivant aux affaires.

Parmi les premiers à voir Napoléon percer sous Bonaparte, il s'attache très tôt au destin de celui-ci et prodigue conseils et démarches à l'occasion du coup d'État du 18 brumaire.

Redevenu ministre des Relations extérieures le 22 novembre 1799, il mène en accord avec le Premier Consul une politique dont les premiers résultats s'avèrent excellents : rétablissement de l'entente entre la France et la Russie, conclusion du concordat avec l'Église Catholique, traités de paix de Lunéville avec l'Autriche (1801) et d'Amiens avec l'Angleterre (1802).

Sur les conseils de Napoléon Bonaparte, Talleyrand achète en 1803 au comte de Luçay, pour 1,6 million de francs, le somptueux château de Valençay  Château de Valençay, dans l'Indre, et son immense domaine de 12 000 hectares répartis sur vingt-trois communes.

Il est nommé Grand Chambellan à la proclamation de l'Empire, puis prince de Bénévent en 1806. Mais sa politique de conciliation avec l'Angleterre finit par échouer et il perd l'oreille de l'Empereur. Écarté de la négociation de Tilsitt en 1807, il doit peu après quitter son ministère.

Ne cachant pas son hostilité à l'intervention en Espagne, il s'éloigne peu à peu de Napoléon et va jusqu'à conseiller au tsar Alexandre Ier, en 1808, à Erfurt, de ne pas s'allier avec l'Empereur.

En 1809, sur la foi de fausses nouvelles annonçant la mort de Napoléon en Espagne, Talleyrand travaille ouvertement, en collaboration avec Fouché, à l'installation d'une régence sous l'autorité de l'impératrice. Accouru à Paris, l'Empereur, à l'issue d'un conseil restreint, accuse son Grand Chambellan de trahison, le couvre d'injures (Vous êtes de la merde dans un bas de soie) et le prive de son office. Les sanctions, cependant, s'arrêtent là et Napoléon le nomme même membre du Conseil de régence qu'il installe en 1814.

En avril de cette année, Talleyrand est élu par le Sénat chef du gouvernement provisoire, fait proclamer la déchéance de l'Empereur, et convainc le Tsar de rétablir le trône des Bourbons. Louis XVIII l'en récompense en le nommant ministre des Affaires étrangères et en l'envoyant au congrès de Vienne. Il y brille mais son influence réelle sur les décisions est mince.

Nommé président du conseil après la seconde Restauration, il doit très vite démissionner devant l'hostilité des ultras. Il ne retrouve le pouvoir qu'avec l'avènement de Louis-Philippe d'Orléans, qui le nomme ambassadeur en Angleterre pour préparer l'alliance franco-anglaise.

Il se retire définitivement de la vie publique en 1834 et meurt le 17 mai 1838 à Paris. Il y est inhumé durant quelques mois, en l'Église Notre-Dame-de-l'Assomption  Eglise Notre-Dame-de-l'Assomption puis sa dépouille est transférée à Valençay, d'abord au château, puis dans la chapelle Notre-Dame  Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.

"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent", par Pierre-Paul Prud'hon (Cluny 1758 - Paris 1823).

"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent", par Pierre-Paul Prud'hon (Cluny 1758 - Paris 1823).

Sa table, pour laquelle il avait engagé le célèbre chef et pâtissier Antonin Carême, rivalisait avec celle de Cambacérès et était réputée au-delà même des frontières de l'Empire.

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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838)
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"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent, en habit de grand chambellan", par Pierre-Paul Prud'hon (Cluny 1758 - Paris 1823).
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"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent". Estampe de François-Séraphin Delpech (Chaillot 1778 - Paris 1825).
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"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent". Dessin de Nicolas André Monsiau (Paris 1754 - Paris 1837).
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"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Prince de Bénévent". Gravure du XIXème siècle.
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"Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).