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Napoléon & Empire

Jacques-Louis David (1748-1825)

Premier peintre, Commandeur de la Légion d'Honneur

Prononciation:

Blason de Jacques-Louis David (1748-1825)

Jacques-Louis David naît à Paris le 30 août 1748, dans une famille de la petite bourgeoisie. Orphelin de père dès l'âge de neuf ans, il est élevé par son oncle maternel. Celui-ci, remarquant les dons de l'adolescent pour le dessin, songe à l'orienter vers la carrière d'architecte, qu'exercent déjà deux de ses oncles.

Toutefois le jeune homme, qui a appris le dessin à l'Académie Saint-Luc, est adressé en 1764 à François Boucher, cousin éloigné de sa mère et premier peintre du roi. Boucher, s'estimant trop âgé et malade, l'oriente vers Joseph-Marie Vien. David entre dans l'atelier de ce dernier en 1766, et étudie l'art à l'Académie royale, en particulier avec Jean Bardin, en vue de concourir pour le Prix de Rome.

En 1771, il obtient le second prix du prestigieux concours avec Le Combat de Minerve contre Mars ; il échoue à nouveau en 1772 avec Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobée et en 1773 avec La Mort de Sénèque. Ces échecs itératifs plongent David dans une longue période de désespoir, assortie d'une tentative de suicide, et ne manquent pas de l'influencer négativement vis-à-vis de l'institution académique... Enfin en 1774 il gagne le premier prix avec Érasistrate découvrant la cause de la maladie d'Antiochius dans son amour pour Stratonice.

Il part pour Rome l'année suivante, en compagnie de son maître Vien. Sur le trajet il s'enthousiasme pour les peintures de la Renaissance italienne. Dans la ville éternelle il fait des centaines de croquis de monuments, statues et bas-reliefs antiques, et peint plusieurs tableaux dans un style inspiré du Caravage. En Campanie il visite les ruines de Pompéi et Herculanum, qui bouleversent sa vision de l'Art et déterminent son nouveau style, inspiré de l'antiquité.

En 1780 il présente au palais Mancini Saint Roch intercédant auprès de la Vierge pour les malades de la peste de Marseille, qui fait forte impression auprès du public romain (puis parisien en 1781). La même année, son Bélisaire demandant l'aumône (illustrant l'infortune du glorieux général de l'empereur Justinien, disgracié, aveugle et devenu mendiant) consacre sa conversion au style néo-classique. Les années suivantes le voient peindre le portrait du comte Stanislas Potocki, Les Funérailles de Patrocle et La mort de Méléagre.

Marié en 1782 avec Marguerite Charlotte Pécoul, il ouvre un atelier au Louvre  Palais du Louvre à Paris grâce à la générosité de son beau-père ; ses premiers élèves ont pour nom François-Xavier Fabre, Jean-Baptiste Wicar, Anne-Louis Girodet, Jean-Germain Drouais et Jean-Baptiste Debret. Parallèlement, il est reçu comme membre de l'Académie en 1783 avec La Douleur d'Andromaque.

En 1785, il expose à Rome puis à Paris Le Serment des Horaces, oeuvre dans laquelle il s'affranchit définitivement de l'influence de Boucher, et qui connaît un grand succès public et critique, faisant de lui le chef de file de la nouvelle école que l'on nommera bientôt « néoclassicisme ». En 1787 il peint La Mort de Socrate et l'année suivante Les Amours de Pâris et d'Hélène (commande du comte d'Artois, futur Charles X), le Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de sa femme et, à la veille de la Révolution, Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils qui connaît une grande popularité auprès du public ‒ on parlerait de nos jours d'un véritable phénomène de mode.

Les années révolutionnaires consacrent David comme peintre mais le voient également jouer un rôle politique de premier plan, comme peu d'artistes l'ont fait avant lui. Dès septembre 1789 il prend la tête d'un groupe d'académiciens demandant la réforme de l'institution des Beaux-arts, la fin des privilèges de l'Académie, et notamment le droit aux artistes non agréés de pouvoir exposer au salon. En 1790, il entreprend ce qui aurait dû être son plus grand tableau, de dix mètres de large sur sept mètres de haut : Le Serment du jeu de paume. Une souscription est lancée mais elle ne permet pas de réunir les fonds nécessaires, et l'oeuvre ne sera jamais achevée. La même année il obtient la fin du contrôle du Salon par l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture et milite auprès de l'Assemblée pour la suppression de toutes les Académies.

En 1791 David fait partie des signataires de la pétition demandant la déchéance de Louis XVI réunis au Champ de Mars. En 1792, ses positions politiques se radicalisent. Il est élu député de Paris à la Convention nationale, avec le soutien de Jean-Paul Marat. Il est nommé au Comité d'instruction publique et, à ce titre, est chargé de l'organisation des fêtes civiques et révolutionnaires, de l'administration des arts... et de la propagande. En janvier 1793 il vote pour la mort du roi. A la suite de l'assassinat de Marat le 13 juillet 1793, il peint, sur commande de la Convention, Marat assassiné, un de ses tableaux les plus célèbres et emblématiques de sa période révolutionnaire ; il organise également les funérailles de son défunt ami.

Peu après il peint La Mort du jeune Bara, illustrant le fameux épisode qui alimentera durant plusieurs générations l'iconographie révolutionnaire. On lui attribue également le dessin Marie-Antoinette conduite à l'échafaud réalisé « en direct » depuis la fenêtre d'un immeuble voisin...

David occupe alors plusieurs postes à responsabilité politique : Président du club des jacobins, Secrétaire de la Convention (puis Président), membre du Comité de sûreté générale et président de la section des interrogatoires...

Cette période sombre le voit aider quelques uns (Dominique Vivant Denon, Jean-Honoré Fragonard, Antoine-Jean Gros)... et participer à l'élimination physique de nombreux autres (Fabre d'Églantine, Alexandre de Beauharnais, les frères Trudaine, Lavoisier, la duchesse de Noailles, André Chénier, la soeur de Carle Vernet)... Bien que, le 8 thermidor an II (26 juillet 1794), il assure publiquement Robespierre de son soutien, une maladie opportune lui fait manquer la séance du lendemain à la Convention, jour de la chute de « l'incorruptible », et échapper ainsi au sort réservé à ses partisans. Il est quand même arrêté et emprisonné jusqu'en décembre 1794, où un non-lieu pour insuffisance de charges est prononcé.

Il tente de se faire oublier en séjournant à Saint-Ouen, mais est à nouveau incarcéré de mai à octobre 1795 suite à une nouvelle mise en accusation. Il bénéficie en fin de compte de l'amnistie politique des faits relatifs à la Révolution.

Sous le Directoire, David se consacre principalement à sa nouvelle grande oeuvre, Les Sabines qu'il met en chantier en 1795 et achève en 1798. Un thème d'actualité (rivalités fratricides, vertu de la concorde), un nouveau style (nudité des personnages) et une nouvelle manière de présentation (exposition payante) assurent un succès durable à l'oeuvre.

Fin 1797, David rencontre Napoléon Bonaparte et lui propose de faire son portrait. Ce tableau, pour lequel le jeune général a consenti une unique séance de pose, restera inachevé mais passera à la postérité comme l'un des portraits les plus réussis de Bonaparte. En 1800, il peint Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard et trois copies commandées par le modèle, puis le Portrait de Madame Récamier.

En octobre 1804, David se voit commander par l'Empereur Napoléon Ier quatre tableaux de cérémonie, dont celui représentant son sacre, et investir de la fonction de « Premier peintre ». Il met trois ans à peindre Le Sacre de Napoléon  Le Sacre, par J.L. David, son plus grand tableau (9,80 m de large sur 6,20 m de haut). Il est notoire que le sujet principal (moment où Napoléon couronne Joséphine) lui a été suggéré par son ancien élève François Gérard, et que l'Empereur lui même l'a invité à quelques modifications (le geste de bénédiction du pape Pie VII, la présence à la cérémonie de la mère de Napoléon). L'exposition du « Sacre » est l'événement du Salon de 1808 ; l'Empereur manifeste sa satisfaction en promouvant David officier de la Légion d'Honneur.

A la même époque il peint La Distribution des Aigles (issu de la même commande), une Sappho et Phaon (1809) et poursuit son Léonidas aux Thermopyles (débuté dès 1800, qui ne sera achevé qu'en 1814). Mais, à partir de 1810, les commandes officielles cessent, les difficultés de paiement s'accordant mal avec les tarifs très élevés du Premier peintre. Ainsi, le dernier portrait qu'il peint de l'Empereur, le célébrissime Napoléon dans son cabinet de travail de 1812 n'est pas une commande officielle mais privée, émanant d'un noble écossais.

Déchu de son rang de Premier peintre lors de la première Restauration, il le retrouve durant les Cent-Jours et est promu Commandeur de la Légion d'Honneur. Après Waterloo, il se réfugie dans un premier temps en Suisse, revient en France en août 1815, puis la quitte définitivement en janvier 1816 pour Bruxelles. Il y peint de nombreux portraits (dont celui de Charlotte et Zénaïde Bonaparte, les filles de Joseph, en 1821), et plusieurs tableaux mythologiques : Cupidon et Psyché (1817), La colère d'Achille (1819), Les adieux de Télémaque et d'Eucharis (1818 à 1822), Mars désarmé par Vénus et les Grâces (1824).

Jacques Louis David décède à Bruxelles le 29 décembre 1825 des suites d'une congestion cérébrale. Il y est enterré au cimetière d'Evere  Tombe de Jacques Louis David, tandis que son coeur repose à Paris au cimetière du Père Lachaise (56e division)  Carditaphe de Jacques Louis David.

"Autoportrait" par Jacques-Louis David.

"Autoportrait" par Jacques-Louis David.

David est considéré comme le chef de file de l'École néoclassique, dont il incarne le style pictural et l'option intellectuelle : Régénérer les arts en développant une peinture que les classiques Grecs et Romains auraient sans hésiter pu prendre pour la leur, selon sa propre formule.

Inflencé à ses débuts par le style rococo de François Boucher, puis par Raphaël et les Caravagistes, David opère une rupture avec le style du XVIIIème siècle, en revendiquant l'héritage du classicisme de Nicolas Poussin. Avec son Bélisaire et le Serment des Horaces il trouve son style qui ne variera plus guère.

Il fut un maître pour deux générations d'artistes, venus de toute l'Europe pour se former dans son atelier qui à son apogée, comptait une quarantaine d'élèves (on en dénombre de 280 à 470 entre 1780 et 1821). Parmi eux  Girodet, Isabey, Gros, Gérard et Ingres.

Les Postes de la République Française ont émis en 1950 un timbre de 8,00 F  Timbre-poste à l'effigie de Jacques-Louis David à l'effigie de Jacques-Louis David.

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Jacques-Louis David (1748-1825)
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"Autoportrait" par Jacques-Louis David.
Jacques-Louis David (1748-1825)
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"Jacques-Louis David" peint en 1817 par François-Joseph Navez (Charleroi 1787 - Bruxelles 1869).