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Napoléon & Empire

Chevalier de l'Empire

Jean-Anthelme Brillat naît  Maison natale de Jean-Anthelme Brillat-Savarin à Belley  Cathédrale de Belley, dans le Bugey, le 2 avril 1755. Héritier d'une lignée de magistrats, le jeune homme étudie puis pratique le droit dans sa ville natale.

Elu député du Tiers Etat à l'Assemblée Constituante, il se fait remarquer à la tribune par un discours contre l'abolition de la peine de mort. Mais, royaliste et Girondin, accusé de « modérantisme », il doit s'exiler en Suisse, puis en Hollande d'où il embarque pour les Etats-Unis.

Sur le sol de cette Amérique toute récente, il vit de leçons de Français et d'un emploi de violoniste dans l'orchestre du John Street Theater de New York. C'est aussi l'occasion de découvrir le dindon, le welsh rarebit et le korn beef (boeuf mi-sel) et d'enseigner l'art des oeufs brouillés à un chef français, Jean Baptiste Payplat, ancien cuisinier de l'archevêque de Bordeaux installé à Boston où il possède un établissement. Ainsi fait-il revivre le souvenir de sa mère, remarquable cordon bleu.

De retour en France en 1796-1797 et après avoir été dépouillé de ses biens, il est secrétaire de Charles Pierre François Augereau à l'Armée du Rhin quand il est nommé Conseiller à la cour de cassation, fonction qu'il occupera jusqu'à sa mort.

Peu porté sur les plaisirs enjuponnés, célibataire, Jean-Anthelme Brillat a des pôles d'intérêt très éclectiques : il s'intéresse à l'archéologie, l'astronomie, la chimie, la chasse, la musique et, en 1819, édite un Essai historique et critique sur le duel, et un Mémoire sur l'archéologie de la partie orientale du département de l'Ain (Bugey). Néanmoins, sa grande passion reste la gastronomie.

Appréciant les bons restaurants, recevant beaucoup à son domicile parisien, il se met aux fourneaux pour concocter quelques spécialités comme l'omelette au thon ou le filet de boeuf aux truffes.

Entre temps, une de ses tantes lui a légué sa fortune à la condition qu'il rajoutât à son patronyme celui de sa donatrice : Savarin.

Alors que l'Europe est secouée par des tempêtes politiques, des batailles et l'écho des canons, Jean-Anthelme Brillat-Savarin rêve, médite et écrit paisiblement le livre qui le rendra célèbre : La Physiologie du goût, code de gastronomie et traité de science culinaire autant qu'un témoignage sur les moeurs de la société de l'Empire plutôt gourmande. Ainsi ce législateur épicurien et hédoniste devient-il le poète de la gourmandise.

Le livre connaît un succès immédiat. Il suscite l'enthousiasme du jeune Honoré de Balzac qui écrit Aucun auteur n'avait su donner à la phrase française un relief aussi vigoureux depuis le 16ème siècle. Tandis que certains le portent au pinacle de la philosophie gastronomique, Marie-Antoine Carême le jalouse. Plus tard, Charles Baudelaire le méprisera. Il est vrai que, Brillat-Savarin voulant faire de l'art culinaire une véritable science, les explications sont tartinées d'un certain pédantisme que compensent le style élégant général, les nombreuses anecdotes et les pointes d'humour.

Le cher homme ne profite guère de sa gloire. Le 21 janvier 1826, peu après la publication de son oeuvre, il attrape froid lors d'une messe anniversaire en la mémoire de la mort de Louis XVI dans la basilique Saint-Denis. Une pleurésie le mène dans la tombe onze jours plus tard.

Les gastronomes, taphophiles et autres férus d'histoire peuvent se recueillir sur sa tombe  Tombe de Jean-Anthelme Brillat de Savarin, sise dans la 28ème division du cimetière parisien du Père-Lachaise.

"Jean-Anthelme Brillat-Savarin". Gravure du XIXème siècle.

"Jean-Anthelme Brillat-Savarin". Gravure du XIXème siècle.
Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous votre toit. C'est ainsi que Brillat-Savarin popularisa le mot « convivialité » qui prenait tout son sens.

De nos jours, si le grand public peut avoir oublié la raison de la célébrité de Brillat-Savarin, il en connaît au moins le nom grâce à un fromage créé en 1890 et rebaptisé en son honneur, dans les années 1930, par Henri Androuët.

Remerciements

Cette notice biographique a été rédigée par Mme Marie-Christine Pénin (voir son site Tombes et Sépultures), et mise en ligne avec son aimable autorisation.