N & E
Napoléon & Empire

Gaspard Gourgaud (1783-1852)

Baron de l'Empire

Prononciation:

Blason de Gaspard Gourgaud (1783-1852)

Issu d'une famille d'artistes (son père est musicien, son grand-père comédien, tout comme son oncle et sa tante), le jeune Gaspard Gourgaud, né le 14 septembre 1783 à Versailles, envisage un moment une carrière de peintre mais, plus doué pour les mathématiques, entre à l'école Polytechnique en 1799 et choisit finalement l'état militaire.

Après sa sortie de l'école, en 1801, il sert à Châlons comme lieutenant en second puis est nommé professeur adjoint de fortifications à Metz, ce qui laisse supposer qu'il s'est montré un élève brillant. Le commandant de l'école, nommé à la tête le l'artillerie du camp de Boulogne, l'emmène ensuite avec lui comme aide de camp.

En 1805, Gourgaud participe à la campagne d'Autriche. Bien que blessé à Austerlitz, il n'en retire aucun avancement. Il est ensuite de la campagne d'Allemagne. Il y obtient la croix de la légion d'honneur à Pultusk, est nommé capitaine après Ostrloenka et se bat à Friedland (14 juin 1807).

L'année 1808 le trouve en Espagne, la suivante à nouveau en Allemagne et en Autriche. Une dizaine de batailles plus tard, il est nommé à la manufacture d'armes de Versailles, où il propose des améliorations dans la fabrication des fusils et des lances qui lui valent d'être remarqué par le général Clarke, ministre de la Guerre. Après une mission remplie avec un plein succès à Dantzig, où on le charge d'inventorier les ressources de la ville en cas de conflit avec la Russie, il est nommé officier d'ordonnance de l'Empereur en juillet 1811.

Ses nouvelles fonctions le mettant directement sous les yeux de Napoléon, il déploie une activité et un zèle considérables. C'est lui qui est envoyé au Kremlin en parlementaire, escorté d'un unique interprète, lorsque l'armée entre à Moscou. Il n'y trouve malheureusement personne. C'est lui aussi, selon certains, qui évite l'explosion d'une énorme cache de poudre russe dont l'Empereur, sa suite, voire l'armée tout entière, auraient pu être victimes. Il ramène lui-même à de plus modestes proportions son exploit dans l'Examen critique de l'ouvrage du général Ségur sur la campagne de 1812, qu'il publie en 1825.

Napoléon apprécie toutefois suffisamment ses mérites pour le faire, faveur rarissime, chevalier puis baron de l'Empire alors qu'il n'est toujours que simple capitaine.

Durant la retraite, Gourgaud se multiplie toujours, passant deux fois la Bérézina à la nage pour aller observer l'ennemi, ce qui lui vaut une citation à l'ordre de l'armée. De retour en France, Gourgaud reçoit la récompense de son dévouement et de son habilité sous la forme d'une promotion au grade de chef de bataillon et, surtout, d'un titre de « premier officier d'ordonnance », créé spécialement pour lui.

Il est de toutes les batailles en 1813 et parvient même à fournir à l'Empereur les renseignements qui aboutissent à la victoire de Dresde (26-27 août).

Il se montre plus précieux encore, malgré deux blessures, durant la campagne de France, en 1814. A Brienne (29 janvier), il abat un cosaque sur le point de transpercer Napoléon de sa lance. Il commande également avec succès plusieurs opérations militaires autour de Laon et de Reims, ville dans laquelle il est le premier à entrer, le 14 mars. Le lendemain, il est promu colonel.

Durant la première Restauration, Gourgaud, fils d'une nourrice du duc de Berry, bénéficie de la protection de ce membre de la famille royale, conserve son grade et devient chevalier de Saint-Louis.

Il n'en reprend pas moins son service auprès de Napoléon dès que celui-ci arrive à Paris. En juin, il part à ses côtés pour l'armée et est promu général et aide de camp le 17 juin 1815 (certains prétendent qu'il ne le fut qu'après le retour à la Malmaison et que Louis-Nicolas Davout accepta d'antidater la nomination).

Après la seconde abdication, Gourgaud suit l'Empereur à Rochefort puis à Sainte-Hélène. Mais, jaloux et violent, il s'entend mal avec les autres compagnons d'infortune de Napoléon. Emmanuel de Las Cases d'abord puis Charles-Tristan de Montholon deviennent ses bêtes-noires et les sages conseils d'Henri Gatien Bertrand ne parviennent pas à améliorer une humeur qui s'aigrit, au grand déplaisir de l'Empereur. Celui-ci, peu patient, lui fait mauvaise mine ; leurs relations se détériorent ; Gourgaud finit par se résoudre à partir, en mars 1818.

Interdit de séjour en France, Gourgaud s'installe en Angleterre jusqu'à son expulsion, suite à la publication d'une brochure sur la bataille de Waterloo, dont il est l'auteur, et qui est jugée impertinente à l'égard du duc de Wellington.

En 1821, Gourgaud est autorisé à rentrer en France. Son activité y est d'abord surtout littéraire. Il publie, avec Montholon, les Mémoires écrits à Sainte-Hélène, puis l'opuscule sur la campagne de Russie déjà cité, qui lui vaut un duel avec le général Philippe-Paul de Ségur.

La Révolution de 1830 le rétablit dans le service actif. Il est lieutenant général en 1835, pair en 1841, aide de camp de Louis-Philippe.

Courant 1840, il participe, sous les ordres du duc de Joinville, à l'expédition chargée de ramener de Sainte-Hélène les cendres de Napoléon. Il y cotoie entre autres le général Bertrand, le comte Louis-Joseph Marchand et Louis-Étienne Saint-Denis dit le Mamelouk Ali, anciens compagnons d'exil. Gourgaud s'acquitte de cette mission avec le plus grand zèle, mais non sans que son caractère difficile n'ait occasionné quelques orages à bord de la Belle Poule.

Député de la seconde République, il est privé de toute fonction par le neveu de son grand homme après le coup d'état du 2 décembre 1851.

Il meurt le 28 juillet 1852, à Paris. Sa tombe  Tombe du baron Gourgaud se trouve au cimetière du Père-Lachaise (23ème division).

"Le général baron Gaspard Gourgaud". Anonyme du XIXème siècle.

"Le général baron Gaspard Gourgaud". Anonyme du XIXème siècle.

Bretteur redouté, le baron Gourgaud avait à sa disposition plusieurs épées illustres : celle portée par Bonaparte à Lodi, offerte par l'Empereur après que son ordonnance lui ait sauvé la vie à Brienne ; celle aussi que le futur empereur portait à la bataille des Pyramides, laissée en souvenir au moment de la première abdication.