N & E
Napoléon & Empire

Jean Lannes (1769-1809)

Duc de Montebello

Prononciation:

Blason de Jean Lannes (1769-1809)

Jean Lannes voit le jour le 10 avril 1769 à Lectoure  Maison natale du maréchal Lannes à Lectoure, paisible bourgade de Lomagne sise entre Agen et Auch, sur le Gers, où son père est cultivateur et marchand de biens.

Ouvrier teinturier lorsqu'éclate la Révolution, il s'engage en 1792 dans le 2ème bataillon de volontaires du Gers. Lannes, distingué pour le courage extraordinaire dont il fait preuve, est capitaine dès l'année suivante.

Après avoir combattu les Espagnols de 1793 à 1795, il passe en novembre de cette année à l'armée d'Italie, après que la paix a été signée avec l'Espagne.

Il combat à Millesimo, Dego, où il se fait remarquer de Bonaparte par sa fougue, et à Lodi, après avoir été le premier à passer le Pô à la tête de sa brigade. Des actions moins glorieuses lui permettent de démontrer qu'il joint au courage une autre qualité militaire essentielle : la discipline. Il exécute sans sourciller l'ordre d'incendier le village de Binasco (25 mai 1796) puis de réprimer la révolte d'Arquata (1er juin). En septembre 1796, il est promu général de brigade.

En Égypte, il est de tous les combats, se signalant particulièrement à El Arich (20 février 1799) et Jaffa (7 mars). Il termine la campagne général de division.

Revenu en France avec Napoléon Bonaparte, il appuie le coup d'État en se chargeant de rallier à l'entreprise les officiers d'infanterie alors présents à Paris. Nombre d'entre eux se laissent convaincre. Durant les deux journées des 18 et 19 brumaire an VIII, alors que les événements se déroulent à Saint-Cloud, il dirige le quartier général des Tuileries et n'y prend donc aucune part directe. Deux jours après, il quitte la capitale pour aller s'installer à la tête des 9ème et 10ème régions militaires (Toulouse et Perpignan) afin d'y étouffer toute opposition au régime qui s'installe. De retour six semaines plus tard, il remplace Joachim Murat au commandement de la garde consulaire.

La seconde campagne d'Italie de 1800 lui vaut ses plus glorieux succès. Il prend Aoste, Pavie, l'emporte à Montebello, obtient à Marengo un sabre d'honneur pour sa belle résistance face à l'attaque des Autrichiens.

Courant 1801, Lannes se retrouve aux prises avec une délicate affaire financière. En tant que commandant de la garde consulaire, il a engagé des dépenses excessives et se retrouve avec un trou de 300 000 francs dans sa caisse, que le Premier consul dément catégoriquement avoir autorisé verbalement. Ordre est donné à Lannes de rembourser personnellement et dans un court délai cette dépense sous peine de passer en conseil de guerre. Malgré les occasions de s'enrichir que lui ont procurées ses campagnes, Lannes n'a pas cette somme et échoue à la réunir. S'il est finalement sauvé par le général Charles Augereau, qui la lui prête, il n'en perd pas moins son commandement (14 novembre) et se voit, le même jour, expédié au Portugal comme simple ministre plénipotentiaire.

Il rejoint son ambassade, qu'il considère comme une disgrâce, en mars 1802 et n'y brille pas par ses qualités diplomatiques. Il ne s'entend ni avec l'ambassadeur d'Angleterre, pays pourtant alors en paix avec la France, ni avec le gouvernement portugais, qu'il accuse d'être à la solde des britanniques. De surcroît, toujours à la recherche de ses 300 000 francs, il tente de les obtenir au moyen d'un expédient peu opportun dans l'état de ses relations avec les autorités portugaises. Celles-ci se plaignent à Paris et Charles-Maurice de Talleyrand, qui déteste le caractère violent et emporté de Lannes, ne perd pas cette occasion de le desservir auprès de Bonaparte. Ulcéré, Lannes quitte son poste sans autorisation en août. On l'y renvoie en mars 1803 et il ne rentre finalement qu'en août 1804, après avoir réussi à signer un traité avec le Portugal, qui n'obtempère d'ailleurs que sous la menace d'une invasion.

Entre temps, Jean Lannes a été fait maréchal d'Empire dès la première promotion, en 1804. Cette même année, il achète le château de Maisons  Château de Maisons, à vingt kilomètres de Paris, qui avait appartenu avant la Révolution au comte d'Artois, ce qui est la preuve d'un net rétablissement de ses finances.

En 1805 il reçoit le commandement du Vème corps de la Grande Armée. Placé à l'avant-garde, il prend Ulm, Braunau, entre dans Vienne et se bat à Hollabrunn (16 novembre). Lors de la bataille d'Austerlitz, il commande l'aile gauche. Cinq jours plus tard, pour une raison inconnue, il quitte l'armée, laissant le commandement de son corps au maréchal Lefebvre.

Il le retrouve l'année suivante pour la campagne de Prusse. Vainqueur de la bataille de Saalfeld (10 octobre 1806) où meurt le prince Louis-Ferdinand de Prusse, il commande le centre à Iéna et reçoit de Napoléon la mission de poursuivre les Prussiens en Pologne. Il s'y trouve aux prises avec les Russes qu'il bat à nouveau à Pultusk (26 décembre). En 1807 , il intervient dans la prise de Dantzig, à Heilsberg et commande à nouveau le centre à Friedland.

En 1808, Napoléon le fait duc de Montebello puis l'envoie en Espagne où il bat l'armée régulière espagnole à Tudela (23 novembre) et prend en charge le siège de Saragosse, dont il obtient la capitulation en février 1809, malgré une résistance héroïque et désespérée de l'ensemble de la population.

Avril suivant le voit de retour à l'armée d'Allemagne. Il est à Abensberg (20 avril), Landshut (21 avril), à Eckmühl, à la prise de Ratisbonne, à Essling enfin.

Vers la fin de la journée, alors qu'il déambule avec son grand ami le général Pierre-Charles Pouzet (et non Rouzet comme souvent orthographié), l'homme qui lui a appris le métier, celui-ci est frappé d'une balle qui l'étend raide mort. Vivement frappé par cette perte, le maréchal s'assoit sur le bord d'un fossé, où un boulet met fin à sa carrière en lui broyant la cuisse. Hasard ou pressentiment, il porte ce jour-là son grand uniforme et toutes ses décorations. Malgré la promptitude et l'habileté de Dominique-Jean Larrey, qui se charge de l'amputation, Lannes meurt le 31 mai suivant, après une agonie d'une dizaine de jours, dans la maison d'un brasseur à Ebersdorf, non sans avoir reçu dans ses dernières heures la visite de l'Empereur.

"Le maréchal Lannes, duc de Montebello (détail)" par Julie Volpelière (Marseille 1790 - Paris 1842), d'après François Antoine Gérard (1760-1843).

"Le maréchal Lannes, duc de Montebello (détail)" par Julie Volpelière (Marseille 1790 - Paris 1842), d'après François Antoine Gérard (1760-1843).

D'un courage exceptionnel, souvent blessé (à Governolo en 1795, à Arcole deux mois plus tard, à Saint-Jean d'Acre et au fort d'Aboukir en 1799, à Pultusk en 1806), surnommé le Roland de l'armée, Lannes n'aimait pas la guerre. Il déclara un jour à son médecin personnel : Je crains la guerre, je l'ai dit à l'Empereur, le premier bruit de guerre me fait frissonner, mais aussitôt que j'ai fait le premier pas, je ne songe qu'au métier.


Jean Lannes de Montebello est inhumé depuis 1810 au Panthéon de Paris  Panthéon de Paris, caveau XXII  Jean Lannes, mais son coeur repose dans la chapelle familiale du cimetière de Montmartre  Jean Lannes.

Franc-maçonnerie : le maréchal Lannes fut Officier d'Honneur, en 1806, du Grand Orient de France, puis Administrateur peu de mois avant sa mort en 1809.

Les Postes de la République Française ont émis en 1969 un timbre de 0,50 F  Timbre-poste à l'effigie de Jean Lannes à l'effigie de Jean Lannes.

Le nom de Lannes est inscrit sur la 13e colonne (pilier Est) de l'arc de triomphe de l'Etoile  Arc de triomphe de l'Etoile à Paris. Une statue en pied du duc de Montebello, signée Vital Gabriel Dubray, honore sa mémoire sur la façade Nord du Louvre, rue de Rivoli  Statue du maréchal Lannes, rue de Rivoli à Paris et une autre lui rend hommage dans sa ville natale  Statue du maréchal Lannes, à Lectoure.

Carrière militaire détaillée

établie par M. Eric Le Maître (voir son site web), mise en ligne avec son aimable autorisation.

Blessures au combat

Par une balle au bras gauche à Banyuls, le 30 octobre 1793.

Par un coup de feu à Governolo, le 15 septembre 1796.

Par trois coups de feu à Arcole, le 15 novembre 1796.

Par un coup de feu au cou à Saint-Jean d'Acre, le 8 mai 1799.

Par un coup de feu à la jambe à Aboukir, le 27 juillet 1799.

Par une balle à Pultusk, le 26 décembre 1806.

Mortellement, par un boulet aux genoux à Essling, le 22 mai 1809.


Captivité

Aucune.

Premier engagement

Incorporé en tant que simple grenadier au 2e bataillon des volontaires du Gers, le 4 juin 1792. D'après J.-C. Damamme, Lannes aurait pu connaître une première expérience militaire dans l'armée royale avant son entrée chez les volontaires du Gers, en 1792 ; voir sa biographie sur Lannes, page 26.

Évolution de carrière

Sous-lieutenant, le 20 juin 1792.

Lieutenant, le 4 octobre 1793.

Capitaine, le 18 octobre 1793.

Chef de brigade (colonel), le 25 décembre 1793.

Général de brigade provisoire, le 9 septembre 1796 et confirmé, le 17 mars 1797.

Général de division provisoire, le 10 mai 1799 et confirmé, le 23 avril 1800.

Maréchal d'Empire, le 19 mai 1804.


États de service

A l'armée des Pyrénées-Orientales (grenadiers au 2e bataillon du Gers puis au 105e de bataille), 1793/1795.

A l'armée d'Italie, à la suite du 99e de ligne, le 1er mars 1796.

Au 69e de ligne, le 15 avril 1796.

Commandant les grenadiers de l'avant-garde, le 5 mai 1796.

Commandant l'avant-garde de la division Victor, le 26 janvier 1797.

Commandant la 12e brigade de la 6e division, le 14 juin 1796.

A l'armée d'Angleterre, le 12 janvier 1798.

A l'armée d'Orient, le 14 mars 1798.

Attaché au quartier général, le 23 juin 1798.

Commandant la 2e brigade de la division Kléber, le 27 juin 1798.

Commandant la division Menou, le 26 juillet 1798.

Commandant la division Kléber, le 1er septembre 1798.

Commandant une division à l'armée de Syrie, février 1799.

Commandant le quartier général des Tuileries, seconde Napoléon Bonaparte au 18 brumaire (9 novembre 1799).

Commandant extraordinaire des 9e et 10e divisions militaires, du 12 novembre au 27 décembre 1799.

A l'armée de Réserve, le 29 mars 1800.

Commandant et inspecteur général de la garde consulaire, le 16 avril 1800.

Commandant l'avant-garde de l'armée de Réserve, le 10 mai 1800.

Ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire au Portugal, le 14 novembre 1801.

Commandant le 4e corps de l'armée des côtes de l'Océan, le 21 mars 1805.

A la Grande Armée, campagne de 1805 : Commandant le 5e corps, le 23 août 1805.

A la Grande Armée, campagne de 1806 et de 1807 : Commandant le 5e corps, le 5 octobre 1806.

Commandant le corps de Réserve, du 5 mai au 12 juillet 1807.

A l'armée d'Espagne, 1808 : Commandant le 3e corps et une partie du 6e corps, le 18 novembre 1808.

Commandant en chef les 3e et 5e corps, le 8 janvier 1809.

A l'armée d'Allemagne, campagne de 1809 : Commandant un corps provisoire, le 20 avril 1809.

Commandant le 2e corps, le 24 avril 1809.

Remerciements

La photo de la statue en pied du duc de Montebello, rue de Rivoli à Paris, nous a été grâcieusement fournie par M. Cyril Maillet.

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