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Napoléon & Empire

Frédéric-Guillaume III (1770-1840)

Roi de Prusse

Blason de Frédéric-Guillaume III (1770-1840)

Frédéric-Guillaume de Hohenzollern naît à Potsdam le 3 août 1770, fils du roi Frédéric-Guillaume II et de Frédérique de Hesse-Darmstadt.

Il épouse en 1793 la belle Louise de Mecklembourg-Strelitz, qui lui donnera neuf enfants et exercera une notable influence sur lui.

Le 16 novembre 1797, il monte sur le trône de Prusse. Dès son entrée en fonction, il fait arrêter la maîtresse de son père ainsi que les ministres et les généraux corrompus et prévaricateurs dont il s'était entouré. La cour perd son aspect frivole pour donner dans l'austérité et le puritanisme.

Le nouveau souverain entend mener une politique de stricte neutralité et ne pas engager à nouveau la Prusse dans les conflits européens d'où elle s'est retirée en signant la paix de Bâle deux ans plus tôt.

Les meilleurs rapports s'établissent entre Frédéric-Guillaume et le Directoire, rapports que la nomination d'Emmanuel Siéyès comme ambassadeur de la république française auprès du roi ne fait que renforcer.

Cette bonne entente entre Paris et Berlin s'affermit encore davantage après le 18 Brumaire. Napoléon Bonaparte fait savoir à Frédéric-Guillaume qu'il souhaite la création dans le nord de l'Empire allemand d'un glacis d'états neutres, sous influence prussienne, qui isoleront l'Autriche, garantissant ainsi la paix. Le roi se déclare prêt à seconder le Premier consul dans cette entreprise.

Les relations entre les deux pays commencent à se détériorer quand la France s'empare du royaume de Hanovre, en mai 1803, après la rupture de la paix d'Amiens. En interdisant aux vaisseaux anglais l'accès à l'Elbe et à la Weser, l'occupation française de cette province porte un coup très dur au commerce prussien.

Le conflit s'envenime en octobre 1805, lorsque les troupes françaises du Hanovre, sous la direction de Jean-Baptiste Bernadotte, traversent un territoire prussien au cours des opérations de la campagne d'Allemagne, sans se soucier de l'interdiction qui leur en a été faite par les autorités berlinoises. S'appuyant sur cette violation et avec le soutien de la reine Louise, le tsar Alexandre Ier, venu tout exprès à Postdam, obtient de Frédéric-Guillaume la signature d'un ultimatum qu'il compte transmettre à la France.

Un mois plus tard, les austro-russes sont écrasés à Austerlitz et le roi de Prusse signe un nouveau traité, avec la France cette fois. Imposé par Napoléon, il prévoit une alliance offensive et défensive entre les deux pays, prive le roi de ses possessions en Allemagne du sud, mais lui donne en contrepartie le Hanovre, au grand dam de l'Angleterre. Celle-ci réagit aussitôt en déclarant la guerre à la Prusse et en s'emparant de tous ses navires alors en mer.

La nouvelle que la France, dans ses négociations avec le Royaume-Uni, envisage le retour du Hanovre à son propriétaire antérieur, vient bientôt convaincre Frédéric-Guillaume que Napoléon se joue de lui. Le parti anti-français, toujours soutenu par la reine, relève la tête et le roi signe la mise du pays sur le pied de guerre.

La campagne éclair qui s'ensuit est un désastre pour la Prusse. Le pays est envahi et dévasté après les défaites jumelles d'Iéna et d'AuerstaedtAuerstaedt (14 octobre 1806). Frédéric-Guillaume doit s'enfuir à Koenigsberg et demande la paix. Napoléon refuse et lui propose un simple armistice assorti de conditions si dures que le roi les rejette en appelant Alexandre Ier à son secours.

Son intervention se solde par un échec. Après Friedland (14 juin 1807), la Russie à son tour réclame la paix. Napoléon veut d'abord exclure Frédéric-Guillaume des négociations mais se heurte au refus du Tsar. Le roi et la reine de Prusse se rendent donc à Tilsitt pour s'y entendre dicter des conditions de paix draconiennes. Leur royaume perd la moitié de sa superficie, dont le Hanovre ; la capitale du pays et les principales places sont occupées ; une indemnité de 200 millions doit être payée à la France, en sus des contributions ordinaires désormais perçues par l'occupant.

Frédéric-Guillaume III ne rentre à Berlin qu'après l'entrevue d'Erfurt, en septembre 1808, et le départ des troupes d'occupation. Il retrouve des caisses vides, une population misérable et exaspérée. La haine de la France y atteint de tels sommets qu'officiers et soldats désertent de concert pour aller se battre aux côtés des autrichiens, mettant en péril la laborieuse politique d'équilibre à laquelle se tient le roi pour éviter d'irriter son vainqueur.

En 1812, un corps de 20 000 prussiens, commandé par le général Ludwig Yorck von Wartenburg, participe à la campagne de Russie, formant l'arrière-garde du Xème corps du maréchal Macdonald. A la fin du mois de décembre, Yorck, peut-être avec l'aval du roi, signe une convention de neutralité avec les Russes et se retourne contre les Français.

Trois mois plus tard, Frédéric-Guillaume déclare la guerre à la France. Son armée participe aux combats de 1813 et 1814, souvent de manière décisive, et l'amène jusqu'à Paris où il entre en même temps qu'Alexandre Ier.

Il se rend ensuite en Angleterre où il reçoit un accueil triomphal puis à Vienne, en Autriche. C'est là, durant une séance du congrès, qu'il apprend le retour de Napoléon. Sa réaction, pour une fois, est prompte et vigoureuse. Il appelle ses sujets à prendre les armes et forme, sous les ordres de Gebhard Leberecht von Blücher, une armée dite de Silésie qui prend bientôt la plus grande part à la victoire de Waterloo, sauvant Arthur Wellesley, duc de Wellington d'un désastre imminent.

Le roi de Prusse obtient dans les traités qui réorganisent l'Europe des compensations en rapport avec les désastres subis les années précédentes. Il entend d'abord imposer à la France les conditions les plus humiliantes mais y renonce contre la Sarre, une partie de l'Alsace, la moitié de la Saxe, une contribution de 300 millions de francs et l'entretien pendant trois ans aux frais du vaincu d'un corps prussien de 70 000 hommes. Son état passe de cinq à treize millions d'habitants.

Frédéric-Guillaume reprend ensuite sa politique de neutralité, tout en cultivant l'alliance russe. Devenu veuf, il épouse en 1824 Augusta von Harrach en secondes noces. En 1834, il constitue le Zollverein, amorce du IIème Reich.

Il meurt à Berlin le 7 juin 1840. C'est son fils aîné Frédéric-Guillaume qui lui succède, sous le nom de Frédéric-Guillaume IV.

"Frédéric-Guillaume III, Roi de Prusse" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).

"Frédéric-Guillaume III, Roi de Prusse" par François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).

Napoléon tenait le roi de Prusse en piètre estime. Il venait me voir à Tilsitt avec l'intention de me parler d'une chose, mais n'osait jamais le faire...

Ludwig van Beethoven lui a dédicacé sa Neuvième symphonie en 1826.

Autres portraits

Frédéric-Guillaume III (1770-1840)
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"Friedrich Wilhelm III.", portrait en pied peint en 1829 par Ernst Paul Gebauer (Lietzen 1782 - Berlin 1865).
Frédéric-Guillaume III (1770-1840)
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"Frédéric-Guillaume III, Roi de Prusse", miniature par Jean-Baptiste Isabey (Nancy 1767 - Paris 1855).