L'expédition de Syrie de 1799
au jour le jour

Au début de 1799, le général Napoléon Bonaparte, qui s'est rendu maître en quelques mois de l'Égypte, décide d'attaquer la Syrie afin de prévenir les intentions hostiles du sultan qui y concentre une armée depuis sa déclaration de guerre à la France (9 septembre 1798).

Nous nous sommes rendus en 2019 en Israël (l'expédition, malgré son nom, s'étant entièrement déroulée dans cet actuel pays, mis à part le passage à l'aller et au retour par Gaza) et avons visité les lieux où le général Bonaparte passa lors de cette campagne de quatre mois, le champ de bataille du Mont-Thabor, ainsi que les sites de combats annexes ; les photos de cette page sont issues de ce séjour.

Février 1799

Citadelle d'Ashdod

• 10 février - Napoléon Bonaparte quitte Le Caire [Al-Qāhira] au soir et prend la route du désert vers la Syrie. Il couche à Belbeis [Bilbéis], cité sur le bord est de la partie sud du delta du Nil, dont les fortifications ont été refaites l'année précédente sur son ordre.
• 11 février - Après avoir passé en revue sa cavalerie, il poursuit vers le nord-est jusqu'à Koraïm [El Qurein], ville connue pour ses palmeraies, où il couche.
• 12 février - Il passe à Salayeh [El Saleheya] en milieu de journée et fait halte le soir au Pont du Trésor [Qantara El Hasnah].
• 13 février - Napoléon arrive à Katieh [Bir Qatia] où il reste deux jours. Il envoie vers El-Arich la division du général Louis André Bon en avant-garde, et ordonne au contre-amiral Honoré Joseph Antoine Ganteaume d'y expédier une flottille.
• 15 février - Il reprend la route, est victime en compagnie du général Berthier d'une attaque de paysans locaux puis, sauvé par la cavalerie, il bivouaque au soir à Bir-el-Abd, sur les rives du lac Bardawil.
• 16 février - Il arrive à la ferme de Mesoudiah (ou Amoudiah), à quelques kilomètres d'El-Arich.
• 17 février - Au soir, Napoléon est devant El-Arich, où l'attend la division du général Jean Louis Ebénézer Reynier, qui fait le siège du fort depuis huit jours.
• 20 février - Les Français parviennent à prendre le fort d'El-Arich.
• 22 février - Napoléon quitte El-Arich avec la division Bon et celle de Jean Lannes, puis avec un petit groupe d'officiers et de guides s'avance jusqu'à Kohan-Younès [dans l'actuelle bande de Gaza] pour rejoindre l'avant-garde que commande le général Jean-Baptiste Kléber ; mais celle-ci s'est perdue, et sous la menace des Ottomans Napoléon fait demi-tour et se replie sur Cheik-Zawi [El Sheikh Zowaid], vingt kilomètres en-deçà.
• 23 février - Retour vers Kohan-Younès, en passant par le Puits de Reyfay [Rafah]
• 24 février - Après une pénible marche de soixante lieues dans le désert, Napoléon est devant la ville de Gaza, dans laquelle il entre le lendemain et où il reste trois jours.
• 28 février - Napoléon quite Gaza pour Esdoud [Ashdod], où se trouvent des ruines d'une citadelle    ottomane puis croisée.

Mars 1799

Baie de Dor

• 1er mars - Napoléon Bonaparte est à Ramleh [Ramla] où il monte sur la Tour blanche      , vestige d'une église romane transformée en mosquée blanche de Ramla, du XIIIe siècle. Le soir il couche à l’Hospice franciscain Saint-Nicodème    de cette ville.
• 3 mars - Il est devant    Jaffa [Yafo].
• 4 mars - Il entre de force à Jaffa    où il établit ses quartiers Place Kedumim, au monastère Saint-Pierre          . Toutefois certains soldats commencent à ressentir les redoutables prémices de la peste.
• 11 mars - Napoléon rend visite, au monastère arménien Saint-Nicolas        , aux soldats les plus atteints [cette scène sera immortalisée en 1804 par le peintre Antoine-Jean Gros dans un de ses plus célèbres tableaux    ], qu'il se voit contraint de laisser aux bons soins (pour l'époque ...) des religieux de ce couvent.
• 14 mars - Napoléon Bonaparte, qui se dirige vers le nord par une route intérieure à distance de la zone côtière à cette époque très marécageuse, arrive à Meski [Miska, village détruit en 1948].
• 15 mars - Une petite bataille, ou escarmouche, contre les milices samariennes, se déroule dans les environs de Kakoum [Qaqun], devant les ruines d'une forteresse croisée   . L'armée ottomane y est défaite par celle de Napoléon. Au soir, bivouac à la Tour de Zeïtah [village détruit, proche de l'actuel kibboutz de Lehavot Haviva] .
• 16 mars - Les Français arrivent au petit port de Tantourah [Dor]    jadis créé par les Phéniciens puis utilisé par les Romains, lequel ne permet d'accueillir que des embarcations de faible tonnage. Napoléon décide d'y installer une base maritime et envoie ses canons par voie de mer sur des petits bateaux en direction du nord, dans l'idée de les récupérer avant le siège de Saint-Jean d'Acre. Au soir il arrive près de Hanieh ou Sendianeh [Regavim] .
• 17 mars - Il est à deux lieues et demie d'Haïfa [entre les actuels Yagur et Nesher] .
• 18 mars - Il est au Mont Carmel    , qui domine Haïfa    , puis en descend pour se rendre sur la baie    séparant Haïfa d'Acre [Akko]. Il y trouve une flotte anglaise inattendue, laquelle arraisone la flottille française et se saisit des canons qui serviront aux défenseurs de la ville.
• 19 mars - Il est devant Saint-Jean d'Acre [Akko]   , ville puissament fortifiée    dont le port  est un enjeu stratégique, et en commence le siège. La place oppose une résistance farouche, en partie grâce aux efforts d'un émigré français, Louis-Edmond Antoine Le Picard de Phélippeaux, ancien camarade du jeune Napoléon Bonaparte à Brienne devenu colonel de l'armée anglaise. Le commodore Sidney Smith, à la tête d'une flottille de la Royal Navy, et le chef de la communauté juive, Haim Farhi (conseiller du pacha Ahmad Djezzar "le boucher"), jouent également un rôle de premier plan dans la défense de la cité.
• 28 mars - Les Français tentent un premier assaut, infructueux, contre la cité, à l'issue duquel le pacha Djezzar fait étrangler tous ses prisonniers.

Avril 1799

Acre

• 1er avril - Napoléon Bonaparte manque d'être tué, à l'occasion d'un deuxième assaut contre la ville d'Acre, par des éclats de bombe et l'effondrement d'un mur.
• 2 au 14 avril - Poursuite du siège de la cité, sans événement local majeur.
• 8 avril - Le général Junot, en large infériorité numérique, remporte près de Loubya      [village détruit], au nord-est de Cana   le Combat de Nazareth contre un rassemblement de quelques 4000 cavaliers ottomans [ce combat sera illustré avec beaucoup de réalisme par Antoine-Jean Gros en 1801 ].
• 9 avril - Napoléon confie à Jean-Baptiste Kléber le commandement d'une colonne de trois mille hommes, aux fins de se porter au-devant des troupes d'Abdullah, Pacha de Damas, qui viennent de franchir le Jourdain    aux ponts des Filles de Iacoub [détruit en juin 1946 lors de la "Nuit des Ponts"], au nord du lac de Tibériade [mer de Galilée ou de Kinneret]          , et de Medjameh          , au sud.
• 12 avril - Le général Murat refoule les Ottomans à Safet [Tsfat]   .
• 15 avril - Napoléon, observant un début de démoralisation de ses troupes, part rejoindre le général Kléber. Le soir, il bivouaque sur les hauteurs de Safoureh [Tsipori], l’antique Sepphoris            .
• 16 avril - Dans la plaine d'Esdraelon [vallée de Jezréel]    , au pied du Mont-Thabor      , se tient la bataille décisive - laquelle porte depuis le nom de cette éminence - qui voit les troupes françaises mettre en déroute des Ottomans et Turcs pourtant très largement supérieurs en nombre.
  Article détaillé : Bataille du Mont-Thabor 
  Au soir, c'est l’hospice des Franciscains Casa Nova    à Nazareth    qui abrite les généraux Bonaparte, Kléber et Junot.
• 17 avril - Napoléon fait (selon les sources) l'ascension du Mont-Thabor    .
• 18 avril - Toujours à Nazareth    , il se rend à l'Eglise franciscaine [sur l'emplacement de laquelle a été bâtie au milieu du XXème siècle la basilique de l'Annonciation   ] .
• 19 au 23 avril - Il retourne devant Saint-Jean d'Acre.
• 24 et 25 avril - Deux nouveaux assauts, toujours infructueux, sont lancés.
• 27 avril - Napoléon demande à ce que de l'opium soit donné aux soldats pestiférés, pour atténuer leurs souffrances. Le général Louis Marie Maximilien de Caffarelli du Falga, qui avait été blessé lors d'un assaut et amputé du bras droit, décède [sa tombe se trouve au nord de la ville d'Akko      ]
• 28 au 30 avril - Le siège se poursuit sans événement notable.

Mai 1799

Jaffa

• 1er mai - De nouvelles pièces de siège étant arrivées par voie terrestre depuis Jaffa, un nouvel assaut des fortifications d'Acre est donné. Le même jour, Antoine Le Picard de Phélippeaux meurt de maladie (peste) ou d'épuisement.
• 2 et 6 mai - Deux sorties des assiégés sont repoussées.
• 7 et 8 mai - Deux nouveaux assauts sont lancés ; lors du second, les Français parviennent à franchir une brèche   , mais s'aperçoivent alors qu'une seconde enceinte   a été érigée à quelques mètres de la première, et ils battent en retraite.
• 10 mai - Un ultime assaut s'avère aussi infructueux que les précédents.
• 11 mai - La situation devenant critique, Napoléon Bonaparte doit se résoudre à lever le siège.
• 12 au 16 mai - Les préparatifs de départ s'effectuent, tandis que l'artillerie bombarde abondamment la ville        , détruisant une partie du palais du pacha.
• 17 au 20 mai - Les troupes françaises entament leur retraite.
• 21 mai - Les Français sont à Haïfa, puis à nouveau au petit port de Tantourah [Dor]    , où ils jettent à la mer leurs canons, pour éviter qu'ils ne tombent aux mains de l'ennemi.
• 22 mai - L'armée bivouaque dans les ruines de Césarée          .
• 23 mai - Les troupes sont à l'embouchure du petit fleuve El-Haddar [Nahal Poleg]    .
• 24 mai - Jaffa est atteinte.
• 25 au 27 mai - L'armée séjourne à Jaffa. Le 27, Napoléon Bonaparte visite pour la seconde fois les soldats malades de la peste.
• 28 mai - Il est à Ebneh [Yavneh], ville de la plaine côtière centrale  où se trouve un minaret du XIV° siècle .
• 29 mai - L'étape du jour est interrompue par une halte d'une heure à Esdoud [Ashdod]  durant la matinée, après quoi le général Bonaparte arrive vers 13 heures 30 au village d'El-Mechdin [l'actuel Migda, un quartier d’Askelon], près duquel il couche.
• 30 mai - Les Français atteignent Gaza vers midi.
• 31 mai - Napoléon est à à Kohan-Younès [actuelle bande de Gaza], qu'il quittera le lendemain pour rentrer en Egypte par le même chemin que celui utilisé à l'aller en février.