En mai et juin 1800, le Premier Consul Napoléon Bonaparte va à nouveau affronter, sur le même terrain, son ennemi de la campagne d'Italie de 1796-1797 : l'Autriche, alliée dans de cadre de la seconde coalition à un autre empire continental : la Russie. Avec à la clé, une nouvelle fois, un succès militaire - mais il s'en faut de peu que le sort des armes lui soit défavorable. Ce sera toutefois une nouvelle victoire, celle de Jean Victor Marie Moreau à Hohenlinden le 3 décembre suivant, qui amènera l'Autriche à traiter (Paix de Lunéville le 9 février 1801), puis ses alliés (traité de Florence le 18 mars 1801 avec le royaume de Naples, traité de Paris le 8 octobre 1801 avec la Russie, puis traité d'Amiens le 25 mars 1802 avec l'Angleterre).
Nous avons suivi les traces du Premier Consul (parfaitement définies depuis plus de deux siècles, et sans discordance majeure entre les différents auteurs, contrairement à la campagne de 1796-1797), et illustré ce périple en capturant par l'image l'aspect qu'offrent actuellement ces lieux chargés d'histoire. Cette iconographie ne manquera pas de s'enrichir à chacun de nos futurs séjours sur place, comme il se doit.
Mai 1800
- 6 mai - Le Premier Consul Napoléon Bonaparte quitte nuitamment Paris en compagnie de Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne. Après avoir déjeuné à Sens , chez ce dernier, il atteint Avallon en début de soirée, et y couche.
- 7 mai - Parti dès l'aube, il est à midi à Dijon, où l'attend Géraud Christophe Michel Duroc ; il passe en revue les troupes près de la capitale bourguignonne.
- 8 mai - Napoléon Bonaparte part pour Auxonne , Dôle, Champagnole, Morbier, Morez, Les Rousses où il dîne, Saint-Cergue et finalement Nyon , où il dort au relais de poste.
- 9 mai - Au petit matin, il descend sur Genève, où il séjourne jusqu'au 12 du mois chez Nicolas Théodore de Saussure [actuel n° 2 de la Rue de la Tertasse]. La stratégie de la campagne est affinée en conseil de guerre, et la route à emprunter choisie avec précision. Le 10 mai, il reçoit Jacques Necker, ancien ministre des Finances et ministre d'État de Louis XVI. Le 11 il dîne chez le général Berthier dans la maison Picot [aujourd'hui n° 12 de la place de la Fusterie], puis se rend à Beaulieu, chez les De Sellon, dont il envisage de louer la maison de maître .
- 12 au 16 mai - Napoléon est à Lausanne, où il loge au quartier de Villamont sur les hauteurs, hôte du banquier Rodolphe Emmanuel de Haller. Le 12 il passe en revue les divisions Chambarlhac et Loison dans la plaine de Saint-Sulpice , à sept kilomètres à l'ouest de la ville. Il procède ensuite à quelques inspections notamment le 13 à Vevey où il passe en revue 6 000 soldats de la division Boudet sur la place du Marché, à Villeneuve avec inspection des entrepôts et à Saint-Maurice-du-Valais, sur la route de Martigny.
- 16 mai - Napoléon quitte Lausanne en milieu d'après-midi, longe la côte septentrionale du lac Léman , passe Vevey et Montreux en soirée, puis se porte au sud-sud-est sur Aigle puis Saint-Maurice-du-Valais où il couche à l'abbaye .
- 17 mai - Il continue dans la même direction jusqu'à Martigny , où il descend au couvent des Bernardins (prévôté du Grand-Saint-Bernard) . Hôte du prévôt Louis-Antoine Luder , Napoléon loge au premier étage.
- 18 au 20 mai - Il attend, à Martigny, que lui parvienne la nouvelle de la prise par l'avant-garde du fort de Bard, qui ferme la vallée de la Doire Baltée [Dora Baltea] en couvrant la route d'Yvrée [Ivrea].
- 20 mai - Il quitte Martigny à cheval vers 8 heures (ou beaucoup plus tôt, dans la nuit, selon d'autres sources). Il passe à Liddes où il déjeune chez le curé Pierre-Joseph Rausis puis à Bourg Saint-Pierre où la route s'arrête et où il prend une collation à l'auberge de la Colonne miliaire . Là, il engage un guide, Pierre Nicolas Dorsaz. Le temps est exécrable. Peu avant le village de Proz [de nos jours submergé par le barrage des Toules ] la mule montée par le Premier Consul trébuche et manque de peu de basculer dans le ravin sur sa droite mais Dorsaz intervient promptement et sauve la vie de son client. Puis sont gravies les pentes du col du Grand Saint-Bernard , le long des torrents des Tronchets [Trontsë] et de Barasson , et l'arrivée à l'hospice , situé en haut du col à 2 469 mètres d'altitude, se fait vers 17 heures (voire en fin de matinée selon d'autres sources). Deux heures plus tard, après un repas offert par le père Berenfaller (ou Baerenfaller), prieur du couvent, Napoléon se remet en route. Il passe à Saint-Rhémy-en-Bosses et atteint Etroubles vers 21 heures ; il y dort à la cure .
- 21 mai - Il arrive à Aoste et descend au palais épiscopal . Il y reste jusqu'au 25. Le 22, il visite les fortifications romaines de la ville et regarde défiler la légion italienne du haut de l'arc de triomphe d'Auguste .
- 25 mai - Napoléon quitte Aoste et longe la Doire Baltée [Dora Baltea] vers l'est jusqu'à Saint-Vincent , puis vraisemblablement par le col de Joux (1640 mètres d'altitude) et Brusson , oblique vers le sud jusqu'à Verrès . Mais, plus en aval, si le bourg de Bard a bien été pris dans la nuit du 21 au 22 mai par la division Loison, le fort qui le surplombe , tenu par 500 à 600 hommes commandés par le capitaine Josef Stockard von Bernkopf et lourdement armé (20 pièces d'artillerie), résite toujours aux assauts des Français. Napoléon se porte sur les hauteurs d'Albaredo [Albard de Bard] pour étudier le terrain , puis rentre passer la nuit chez les Augustins de la collégiale Saint-Gilles de Verrès, hôte du prévôt Jean-François Chentre.
- 26 mai - Napoléon contourne le fort de Bard à pied par des chemins passant par Albard et le hameau de Rovarey, puis retrouve un cheval pour rejoindre Ivrée [Ivrea] au sud-sud-est, où il s'installe au Palazzo Perrone . Quelques kilomètres au sud de la ville, se tient le combat du pont de la Chiusella , lors duquel la 6ème division légère ainsi que les 22ème et 40ème divisions affrontent à la baïonnette la cavalerie du général Károly József Hadik von Futak et la mettent en déroute.
- 28 mai - Le Premier Consul quitte Ivrée en direction du sud, et couche au presbytère de Chivasso , au nord-est de Turin [Torino], sur les rives du Pô.
- 29 mai - Il retourne à Ivrée.
- 30 mai - Il quitte Ivrée vers minuit, pour Santhià puis Verceil [Vercelli] , à l'est-sud-est, où il passe la journée du lendemain au Palazzo Avogadro della Motta [de nos jours sis Via Duomo, n° 20].
Juin 1800
- 1er juin - Napoléon continue vers Novare [Novara] , sur la route de Milan [Milano].
- 2 juin - Il passe le fleuve Ticino et déjeune à Turbigo, à l'hôtel de la Couronne de France. Il en repart en carrosse, passe par San-Pietro-in-Sala et entre dans Milan par la porte de Vercelli. Dans la capitale lombarde, il s'installe au palais archiducal.
- 3 au 8 juin - Il reste à Milan.
- 9 juin - Il part vers le sud : Binasco , puis Pavie [Pavia], Stradella et Casteggio où Jean Lannes lui rend compte de la bataille de Montebello qui vient de s'achever. Napoléon rendre dormir à Stradella.
- 10 et 11 juin - Il est à Stradella.
- 12 juin - Cap à l'est-sud-ouest, pour Voghera, où il s'installe à la maison communale.
- 13 juin - Sous une pluie qui ne cesse pratiquement pas de la journée, Napoléon se rend à San Giuliano-Nuovo, dans la plaine de la Bormida, puis à la tour de Marengo , puis aux sources de Fontanone. Il se porte ensuite sur les bords de la rivière Scrivia , déjeune à Sale [44.98386, 8.80879], avant de retourner à S. Giuliano-Vecchio . Il va souper et coucher à Torre di Garofoli , hôte du baron local.
- 14 juin - C'est le jour de la bataille de Marengo, une des plus belles pages militaires de l'épopée napoléonienne. Les Autrichiens, qui se trouvaient dans Alessandria et devant celle-ci, passent la tête de pont qu'ils avaient installée sur la Bormida et viennent affronter les Français. Au soir de la bataille, une fois la victoire difficilement acquise, Napoléon rentre à Torre Garofoli , où son cuisinier Dunand (ou Dunan, ou Dunant, François Claude Guignet, dit-) lui sert un plat confectionné "à la fortune du pot", mais qui deviendra célébrissime : le poulet Marengo .
- 15 et 16 juin - Toujours à Torre Garofoli, il reçoit le 15 le Generalmajor Johann Ferdinand von Skal und Großellgut, qui vient négocier une suspension d'armes, et le 16 passe en revue les troupes à S. Giuliano Vecchio .
- 16 et 17 juin - Il part pour Milan, où il entre par la Porte Ticinese médiévale [à ne pas confondre avec celle éponyme qui sera construite de 1802 à 1814, à son initiative].
- 18 au 24 juin - Séjour milanais pour le Premier Consul, qui assiste à un Te Deum à la cathédrale le 18, et reçoit André Masséna le 22, qu'il nomme commandant en chef de la nouvelle armée d'Italie.
- 25 juin - Il quitte Milan pour Verceil, où il s'entretient au Palazzo Avogadro della Motta avec le cardinal Carlo Giuseppe Filippa della Martiniana ; cette rencontre participera au changement de politique envers le Saint-Siège, qui aboutira au concordat de 1801.
- 26 juin - Napoléon arrive à Turin .
- 27 juin - Il rentre en France en passant par le col du Mont-Cenis, et couche à Saint-Jean de Maurienne. La seconde campagne d'Italie est terminée pour lui. Le lendemain il sera à Lyon, cinq jours après au palais des Tuileries.
Carte de la campagne d'Italie de 1800
Les campagnes de Napoléon au jour le jour
Tous les déplacements de Napoléon de 1769 à 1821
Crédit photos
Photos par Lionel A. Bouchon.Photos par Didier Grau.
Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
Photos par Marie-Albe Grau.
Photos par Floriane Grau.
Photos par des personnes extérieures à l'association Napoléon & Empire.
Merci à M. Ugo Valfer pour son amicale contribution.