N & E
Napoléon & Empire

Bataille de Castiglione

Date et lieu

  • 5 août 1796 à Castiglione delle Stiviere et à Solferino, en Lombardie (actuellement en province de Mantoue, Italie).

Forces en présence

  • Armée française : 30 000 hommes sous le commandement du général Napoléon Bonaparte.  
  • Armée autrichienne : 29 000 hommes sous les ordres de Dagobert Sigmund von Wurmser.  

Pertes

  • Armée française : 1 100 à 1 500 hommes (morts ou blessés).  
  • Armée autrichienne : 2 000 hommes tués ou blessés, 1 000 prisonniers, 20 pièces de canon.  

Panoramique aérien du champ de bataille de Castiglione

Deux vues panoramiques du champ, depuis le village de Grole et le pied du Monte Medolano.

La bataille de Castiglione clôt la première tentative autrichienne de débloquer la ville de Mantoue [Mantova]. Elle se déroule sur les lieux mêmes où le neveu de Napoléon Bonaparte, Napoléon III, remportera presque soixante-trois ans plus tard celle de Solférino.

Situation générale

La première phase de la campagne d'Italie a pris fin avec le reflux des Autrichiens dans le Tyrol [Tirol] à la suite de leur défaite à Borghetto le 30 mai 1796. Environ 12 000 d’entre eux ont cependant trouvé refuge dans la ville de Mantoue Mantoue. En conséquence, depuis le début de juin, les Français assiègent la cité. Sa chute leur ouvrirait le chemin de Vienne [Wien] ; sa résistance les fixe devant ses murs Fort San Giorgio à Mantoue ; sa délivrance les chasserait de la Lombardie. La place est donc d’une importance vitale pour les deux belligérants.

Dans les derniers jours de juillet, les Autrichiens envoient une armée libérer Mantoue. Le général Dagobert Sigmund von Wurmser en prend le commandement. Il dispose de 50 000 hommes environ, que son plan d’opération prévoit de faire descendre du Tyrol dans la plaine du Pô par les deux rives du lac de Garde Le Lac de Garde. Le général Peter Vitus von Quasdanovitch Peter Vitus von Quasdanovich dirige l’aile droite, forte de 18 000 soldats. Les 32 000 combattants de l’aile gauche, sur la rive orientale du lac Rive orientale du Lac de Garde, sont placés directement sous l’autorité de Wurmser.

Les premiers engagements entre Français et Autrichiens, le 29 juillet, tournent à l’avantage de ces derniers, en nette supériorité numérique. Après avoir tenu un conseil de guerre avec ses principaux généraux, au cours duquel Charles Augereau se montre le plus résolu, Bonaparte réagit promptement. Il décide de lever le siège de Mantoue, de détruire et abandonner sur place son matériel et son artillerie pour hâter le mouvement, et de concentrer son armée pour tomber sans délai sur l’une ou l’autre des colonnes ennemies avant qu'elles ne se rejoignent. Son choix se porte sur celle de Quasdanovitch, qui paraît la plus faible et menace ses arrières. Une fois celle-ci repoussée jusqu’au nord de la rive occidentale du lac de Garde, Bonaparte se tourne contre Wurmser.

Préliminaires

Un premier combat se tient le 3 août 1796. Il oppose la division Augereau à la division Anton Lipthay (ou Liptay) de Kisfalud, élément avancé de la colonne Wurmser, autour du village de Castiglione delle Stiviere :

Castiglione delle Stiviere, vue générale
Castiglione delle Stiviere, vue générale

Lipthay est installé des deux côtés de Castiglione sur un axe nord-ouest sud-est. Les brigades françaises des généraux Louis Pelletier et Martial Beyrand Martial Beyrand attaquent respectivement sa gauche et sa droite, tandis que le général Jean Antoine Verdier Jean Antoine Verdier monte à l’assaut du château de Castiglione. Après avoir âprement défendu la place, les Autrichiens finissent par céder. Leur retraite les amène à portée des troupes du général Jean Gilles André Robert Jean Gilles André Robert, qui se tient sur leurs arrières après avoir tourné leurs positions durant la nuit précédente. Le feu français désorganise le repli adverse.

Augereau fait alors donner sa réserve. Mais des avant-gardes du reste de la colonne Wurmser commencent à se montrer. Lipthay, tirant bénéfice de ces renforts, manoeuvre en direction de Guidizzolo Guidizzolo, au sud-est en direction de Mantoue, par où doit bientôt se présenter son chef. Augereau réagit en déployant dans la plaine de Medole Ferme au pied du Monte Medolano Champ de bataille près du Monte Medolano Medole plusieurs régiments, appuyés par la cavalerie du général Charles Édouard Jennings de Kilmaine Charles Édouard Jennings de Kilmaine qui a rejoint le champ de bataille durant les opérations. Les hauteurs conquises au nord du village de Castiglione sont laissées à la garde de Pelletier. Après un nouveau combat très vif au cours duquel le général Beyrand trouve la mort, les Français restent maîtres du terrain. Lipthay se replie sur Solférino Solferino, à l'est.

L’engagement coûte environ 1 000 hommes à chaque armée et probablement même davantage côté français. Son résultat s'ajoutant à celui de la série de combats menés plus à l'ouest par Bonaparte et Masséna contre Quasdanovitch, il interdit définitivement toute jonction des deux colonnes autrichiennes.

Positions

Le 5 août au matin, l’armée française avance dans la direction de Mantoue. Peu après le village de Castiglione delle Stiviere, à proximité du village de Solférino, elle arrive au contact de l’aile droite de Wurmser, dont l’aile gauche touche la route de Brescia à Mantoue Route de Brescia à Mantoue, non loin du Monte Medolano Le Monte Medolano, vu du nord. Le général en chef autrichien dispose de 29 000 hommes environ et compte peut-être sur l’appui de Quasdanovich, sans savoir que la colonne de ce dernier n’est plus en mesure d’intervenir.

Les Français alignent à peu près 30 000 combattants. Ils bénéficient donc d’un léger avantage numérique. La division Augereau forme la droite, avec derrière elle, positionnée en échelons, la réserve que constitue la division Kilmaine. La division André Masséna occupe la gauche du dispositif. La division Jean Mathieu Philibert Sérurier se trouve à Guidizzolo, où elle est idéalement située pour tomber sur le dos des Autrichiens. Elle arrive de Marcaria, à trente-cinq kilomètres au sud sur les bords de l’Oglio, où elle s’est déplacée après l’évacuation de Mantoue, afin de couvrir la route de Crémone [Cremona] et de Plaisance [Piacenza]. Le 4 août, elle a reçu l’ordre d’avancer, la nuit suivante, jusqu’à sa nouvelle position. Sérurier, malade, a provisoirement cédé le commandement de sa division au général de brigade Pascal-Antoine Fiorella Pascal-Antoine Fiorella.

Combats

La première offensive française est un faux-semblant. Bonaparte n’engage que le peu de forces nécessaire pour capter l’attention de l’ennemi et l’empêcher de percevoir le mouvement de Fiorella. En attendant l’arrivée de celui-ci, le gros des troupes françaises reste formé en colonne en arrière du combat. Les Autrichiens repoussent facilement ce simulacre d’attaque. Se voyant déjà vainqueurs, ils entreprennent de tourner la gauche française par Castel Venzago, au nord-est de Castiglione. La nouvelle de la retraite de Quasdanovitch ne leur est pas encore parvenue. Ils sont donc en droit d’espérer se lier à lui par cette manoeuvre. En réalité, cette initiative n’aboutit en fait qu’à morceler les forces autrichiennes. Leur situation s’en trouve affaiblie.

À l’aile opposée, une redoute, bâtie sur le monte Medolano (également appelé Monte della Barcaccia, altitude de 92 mètres, élévation de 7 mètres par rapport à la plaine qui l'entoure) [45.35178, 10.52375], sert de point d’appui à la gauche de Wurmser :

Le Monte Medolano, vu du sud
Le Monte Medolano, de nos jours envahi par la végétation

Cette fortification subit d’abord un pilonnage énergique de l’artillerie à cheval du colonel Auguste Viesse de Marmont puis succombe à l’attaque de trois bataillons de grenadiers commandés par le général Verdier. Plusieurs escadrons de la cavalerie française du général Marc Antoine Bonnin de La Bonninière de Beaumont Marc Antoine Bonnin de La Bonninière de Beaumont débordent alors le flanc adverse pour faire route vers Cavriana Cavriana, à l'est-sud-est, à la rencontre de la division Sérurier. L’arrivée de celle-ci sur leurs arrières surprend tellement les Autrichiens que Wurmser lui-même manque être capturé. Faute de réserves disponibles, sa deuxième ligne doit se retourner pour s’opposer aux nouveaux venus.

Bonaparte choisit ce moment pour faire entrer en scène le gros de ses forces. Masséna s’en prend à la jointure entre le centre et l’aile droite ennemis tandis qu’Augereau attaque frontalement ce centre et que la réserve de Kilmaine porte son effort sur la gauche. Pendant ce temps, Fiorella met en péril la ligne de retraite autrichienne.

Dès lors, pour Wurmser, un repli ordonné devient le seul objectif raisonnable. Il est toutefois perturbé par l’irruption sur le champ de bataille de l’adjudant général Charles Victoire Emmanuel Leclerc et des deux demi-brigades de la division de Hyacinthe François Joseph Despinoy Hyacinthe François Joseph Despinoy qu’il amène de Brescia. Les nouveaux venus s’emparent de la tour de Solférino Place du Château à Solferino et de ses abords Environs de Solferino, vue 1 Environs de Solferino, vue 2 Environs de Solferino, vue 3, ce qui trouble la marche rétrograde des Autrichiens. Ceux-ci repassent en hâte le Mincio Le Mincio, soutenus par les forces d'Adam Bajalics von Bajaháza, laissées à la garde de cette rivière. Les Autrichiens coupent ensuite les ponts derrière eux. Le gros de leurs troupes se retire sur Valeggio [Valeggio sul Mincio] Château de Valeggio sul Mincio. L’aile droite, qui s’est largement déportée au nord dans sa tentative de déborder les Français, recule sur Peschiera del Garda Peschiera del Garda Fortifications de Peschiera del Garda. Bonaparte ne fait pas poursuivre l’ennemi au-delà de Pozzolengo et Castellaro Lagusello Castellaro-Lagusello, à moins d’une dizaine de kilomètres à l'est du champ de bataille.

Bilan

La supériorité numérique de leur cavalerie a permis aux Autrichiens de limiter les conséquences de leur revers. Ils n’en laissent pas moins derrière eux vingt canons, mille prisonniers et deux mille morts ou blessés.

Les Français déplorent la perte de 1 300 hommes environ.

Conséquences

Wurmser, s’il n’a pas subi une défaite désastreuse, n’est cependant plus en état de se maintenir en face de l’armée française. Il ne s’en avise pourtant qu’après avoir tenté de se retrancher près de Peschiera et s’en être vu chasser par Masséna. Ses troupes reprennent alors le chemin du Tyrol par la vallée de l’Adige Vallée de l'Adige, à l’exception des soldats laissés à Mantoue pour en renouveler et renforcer la garnison. Au bout de quelques jours, les Français retrouvent les positions antérieures à l’offensive autrichienne. Ils ont cependant perdu tout leur matériel de siège et doivent désormais se contenter d’un simple blocus de Mantoue. Bien qu'ils aient été constamment vainqueurs, leur situation globale s’est en fin de compte dégradée.

Carte de la bataille de Castiglione

Batailles napoléoniennes - Carte de la bataille de Castiglione

Tableau - « Bataille de Castiglione ». Peint en 1836 par Victor Adam.

Batailles napoléoniennes - Tableau de la bataille de Castiglione -

Durant cette période de la Campagne d'Italie, le Quartier Général de Napoléon Bonaparte fut successivement :

– à Roverbella Quartier Général de Napoléon Bonaparte à Roverbella en juin 1796, lors du siège de Mantoue  ;

– à Marmirolo, dans le presbytère contigu à l’église Saint-Philippe et Saint-Jacques Quartier Général de Napoléon Bonaparte à Marmirolo, du 15 au 19 juillet  ;

– sur la Piazza Colonna [actuelle Piazza Ugo Dallo] de Castiglione les 4 et 5 août :

Quartier Général de Napoléon Bonaparte, Piazza Colonna à Castiglione

Quartier Général de Napoléon Bonaparte sur la Piazza Colonna de Castiglione delle Stiviere

Vues du champ de bataille de Castiglione

Crédit photos

 Photo de Lionel A. Bouchon Photos par Lionel A. Bouchon.
 Photo de Marie-Albe Grau Photos par Marie-Albe Grau.
 Photo de Floriane Grau Photos par Floriane Grau.
 Photo de Michèle Grau-Ghelardi Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
 Photo de Didier Grau Photos par Didier Grau.
 Photo de divers auteurs Photos par des personnes extérieures à l'association Napoléon & Empire.

Crédit vidéo

Les prises de vues sont de Didier Grau, le montage de Lionel A. Bouchon.